Sociologie

Une histoire comme tant d'autres...(Alexandre)

Martin est pour beaucoup un enfant adorable qui chaque matin rêve de croquer la vie à pleine dent.

 Il dit aimer les autres ses amis et sa famille et n’est jamais avare d’un « je t’aime » ou « je vous aime », son grand cœur le guide ainsi vers un énorme sentiment de justice pour lequel parfois il ne mesure pas les limites allant jusqu’à rendre justice lui-même dans la cours de récréation du collège. Martin n’a pas compris avec son jeune âge que la justice n’a guère besoin de la violence pour être rendue…il faut du temps parfois pour comprendre, analyser mais surtout dans le cadre de la justice il faut des preuves !

Mais martin est un petit cheval fou, le dernier qui a parlé a souvent raison et personne ne lui a donné les clefs pour avancer dans le chemin de la connaissance et de l’analyse, alors parfois il trébuche, sans pour autant se faire très mal. Enfant fragile assoiffé des plaisirs de son âge, il rencontre sur son chemin beaucoup d’autres enfants et c’est à chaque fois le coup de cœur, un nouvel ami, car il est avide de nouvelles connaissances Martin, de nouvelles rencontres, de tout ce qui peut de près ou de loin alimenter son imaginaire et sa vie pour donner un sens à la réalité de son quotidien.

Alors que l’école ne peut le gratifier ou le valoriser, Martin préfère être dans la fuite et ne se consacrer qu’à ses loisirs plutôt que de s’enfermer dans un quotidien de travail qui l’ennuie profondément. La petite enfance dans le foyer familial le lui permet et le protège, Martin n’a ainsi pas d’autre préoccupation que ses loisirs et ses jeux...il sait par ailleurs qu’il ne veut pas grandir. Rester petit voilà son objectif ! Eh oui, en étant petit on peut séduire plus facilement, obtenir des autres plus de choses, et surtout se cacher plus facilement…tout cela Martin l’a compris car il a un sens inné de l’observation. Il aime observer les humains, curieux on peut même dire « qu’il n’a pas froid aux yeux » et que sa langue est bien pendue si celle-ci lui permet d’attirer l’attention des autres. Alors pourquoi se priver ?

Mais comme chacun, un jour Martin se confronte à une autre réalité. Il grandit, il est devenu ado.

La vie à l’extérieure est devenue plus attractive encore, mais pour y accéder il n’a pas d’autre solution que de mentir, de se cacher et de faire croire encore qu’il est toujours l’enfant innocent que chacun peut percevoir. Martin observe, il trouve les bonnes clefs pour accéder à ses rêves. Profitant de la séparation de ses parents il va ainsi pouvoir échafauder des scénarios qui satisferont une partie de sa famille en en excluant une autre. Il pourra ainsi capter toute la confiance des uns et se soustraire aux contrôles des autres. Gagner Bingo ! Fini les visites en alternance, fini la nécessité de rendre compte de ses fréquentations et surtout victoire sur les cadeaux, tout ce que je veux je l’ai…pour me remercier d’avoir exclu une partie de ma famille, l’autre me remercie en m’inondant de cadeaux et de promesses.

Martin n’a pas compris ce qui se passe mais il en tire un profit immédiat qui le satisfait. Il a bien compris les discours répétitifs de dénigrement à l’encontre de l’autre parent mais jusqu’alors n’en avait pas fait écho même si cela générait en lui beaucoup de stress. Il a résisté Martin. Il a bien compris que pour satisfaire le parent abandonné,  à considérer comme victime, il devait répondre positivement à sa demande pour en tirer tout le profit. Il a bien compris que pour être traité comme un prince comme sa sœur aîné il devait lâcher-prise et se ranger dans le bon camp de cette guerre qui n’en était pas une. Alors, pour accentuer son engagement il s’engouffre dans le mensonge, le dénigrement voire la calomnie de ceux qu’il rejette et comme son imagination reste sans limite il finit même par adhérer totalement à ses mensonges, les prenant pour de pures réalités. Oublié les « je T’aime », oublié les « je suis bien avec toi », oublié les souvenirs de complicité et de bien être avec l’autre parent.il ne reste plus rien ....tout cela poubelle.  Martin deviendrait-il ainsi manipulateur pour ressembler au plus près de ceux qu’il a dû choisir ?

Le temps passe et martin semble heureux, il est toujours dans la fuite puisqu’il s’arrange le plus possible pour ne pas passer ses week-end chez lui, tantôt un copain le reçoit tantôt un cousin…et sans relâche il assène son discours prémâché. La vie lui paraît plus douce ainsi en cultivant la haine et la calomnie qu’il a faite sienne. Il est vrai que les manipulateurs n’ont pas de remords donc pas de mauvaise conscience. Mais ce que Martin ignore, c’est que sa vie reste à construire et que ce qu’il considère sans doute aujourd’hui comme un jeu d’enfant deviendra demain un jeu d’adulte et que ce monde-là est bien plus dur et sévère que celui qu’il connaît aujourd’hui. Un jour Martin aura des enfants. imagine-t-il que ceux-ci tout comme lui le fait aujourd’hui puissent lui faire subir de tels dommages ? Imagine-t-il que les lois de l’univers sont ainsi faites que le mal que l’on fait subir puisse rester ainsi impuni ? Oui il l’imagine surement et peut-être a-t-il raison mais là ou Martin se trompe c’est que malgré le pardon, rien ne s’oublie y compris pour l’acteur principal, il y a donc un jour ou le regard sur ses propres actes devient quelque chose de lourd à porter. Il ne lui restera alors qu’à demander des comptes à ce qui lui reste de famille ou de fuir très loin pour ne plus voir ce qu’il a fait.

Aujourd’hui, bon nombre d’enfants sont ainsi comme Martin les complices volontaires ou contraints de parents manipulateurs homme ou femme qui se délectent ainsi des souffrances qu’ils imposent au conjoint qui a osé dire « je ne peux plus ». La manipulation d’un enfant pour contrer l’autre parent reste un combat sordide qu’il convient de dénoncer, pour faire cesser le dénigrement et la calomnie, et qu’enfin cesse le gargarisme quotidien de ceux qui comme Martin n’utilise leur langue qu’à des fins de destruction.

L’enfant ainsi manipulé et qui devient à son tour un manipulateur oublie que dans son dénigrement, ses mensonges et sa calomnie , il se dénigre lui-même puisqu’il est le fruit de deux parents qui se sont aimés, il ignore également que le parent manipulateur est en train de le détruire et provoquera à terme son isolement.

 

 

 

Le test des 3 passoires (ou comment faire taire une rumeur) Michel Poulaert

neweralp_nfo_o_1679.jpgPersonne n’est à l’abri des rumeurs, de la médisance et de la calomnie. Souvent nourries par la jalousie, la convoitise, la vengeance, ou tout autre chose, elles peuvent nous blesser, voire détruire une vie, une réputation.

J’ai conscience que, moi aussi, je peux déranger ou qu’on me juge. Au fond, je ne peux pas plaire à tout le monde, n'est-ce pas ? Je l'accepte et puis c'est vrai : on ne peut pas plaire ou se faire aimer de tous, et c'est tant mieux, cela prouve nos diversités et cela fait toute la richesse de l'Humanité.

Tout comme vous, je ne suis pas à l’abri des ragots. En revanche, s’il y a bien une chose qui m’affecte particulièrement, c’est de voir comment une rumeur, telle une tâche d’huile, peut se disperser à grande vitesse, d’autant plus qu’aujourd’hui, à l’ère de la communication instantanée, et détruire des années de travail ou de conduite « exemplaire ». Et comme une tâche d'huile, il est difficile, voire impossible de la nettoyer complètement. Et le plus fou dans ce processus, c’est que ceux qui écoutent et intègrent ces rumeurs comme étant des « vérités », les acceptent sans aucune autre forme de procès, sans prendre la peine de vérivier la teneur de ces histoires, on se contente de penser que tout simplement parce que la personne « est digne de confiance ».
Mais que savons-nous sur les intentions de cette soit-disant personne « digne de confiance »?


Qu’est-ce qui anime les rumeurs et les avivent tels de grands feux de forêts dévastateurs ?

Oh bien sûr il existe autant de raisons qu’il y a de personnalités. Et à les entendre, il y a toujours une « bonne raison » pour détruire l’autre et se trouver des excuses pour diffuser à grande échelle une rumeur. La pire des excuses est : "je tiens à te mettre en garde contre ceci ou celà ou celui-ci".

Que faire ?
Comment agir ?

Je puise inspiration et courage dans l'une des histoires que nous est contée par Socrate qui, dans sa sagesse légendaire, avait « inventé » le test des trois passoires :

Dans la Grèce antique, nous savons tous que Socrate était doté d’une grande sagesse.
Un jour, une de ses connaissance est venu trouver le grand philosophe et lui dit :

- Sais-tu ce que je viens d’apprendre au sujet de ton ami ?

- Un instant, répondit Socrate. Avant que tu ne me racontes, j’aimerais te faire passer un test, celui des trois passoires.

- Les trois passoires ? Répliqua son interlocuteur.

- Oui, reprit Socrate. Avant de raconter toutes sortes de choses sur les autres, il est bon de prendre le temps de filtrer ce que l’on aimerait dire. C’est ce que j’appelle le test des trois passoires.

La première passoire est celle de la Vérité.

As-tu vérifié si ce que tu veux me dire est vrai ?

- Non, j’en ai seulement entendu parler…

- Très bien. Tu ne sais donc pas si c’est la vérité.
Essayons de filtrer autrement en utilisant une seconde passoire,
celle de la Bonté.

Ce que tu veux m’apprendre sur mon ami, est-ce quelque chose de bien ?

- Ah non ! Au contraire !

- Donc, continua Socrate, tu veux me raconter de mauvaises choses sur mon ami et tu n’es même pas sûr qu’elles soient vraies…

Tu peux peut-être encore passer le test, car il reste une troisième passoire, celle de l’Utilité.
Est-il utile que tu m’apprennes ce que mon ami aurait fait ?

- Non, pas vraiment… hésita l'ami.

- Alors, conclut Socrate, si ce que tu as à me raconter n’est ni vrai, ni bien, ni utile, pourquoi vouloir me le dire ?

Que dois-je ajouter de plus après une telle sagesse ?
Les rumeur… Ne les tranmettez pas, elles font tellement de mal et le comble c'est que nous en avons tous horreur et nous avons conscience de leurs effets sur notre propre vie !
A méditer et surtout… APPLIQUER !

Restons Optimiste!

Quand les enfants accouchent de leurs parents (Martine Fournier "Sciences Humaines")

Pourquoi tant d’enfants, devenus adultes, partent-ils à la recherche de l’histoire de leurs parents ? À l’ère de l’individu, cette quête 
du passé prend de nouvelles colorations. 
Le roman familial ne s’est jamais si bien porté.

On se représente souvent la transmission familiale comme une relation descendante dans laquelle les parents livreraient aux enfants une histoire constitutive de leur identité. Mais ne serait-ce pas plus souvent l’inverse qui se produit ? Nombreux sont ces enfants qui, devenus adultes, sont partis à la recherche de l’histoire de leurs parents. Nombreux sont ceux qui se perçoivent un jour comme des « héritiers du silence » et qui cherchent à remplir les vides d’une transmission qui ne s’est pas faite, à en comprendre les raisons, entrer dans les pans occultés de l’histoire familiale, et même partir à la découverte de ce qui s’apparente parfois à des secrets de famille… Les sociologues et les psychologues y voient un symptôme des temps actuels, une quête pour la construction de l’identité personnelle devenue essentielle dans les sociétés individualistes (1).


Certes, le roman familial, sur fond d’amour ou de haine, de culpabilité ou de honte, de bonheur et de souffrances a toujours fait les belles heures de la littérature. Mais un nouveau genre est apparu récemment. Les spécialistes les nomment des « autofictions ». Ils mêlent enquêtes, autobiographies, récits, réflexions, et offrent d’innombrables et émouvants exemples de ces individus partis à la recherche de leur passé.


Comprendre et donner du sens


Dans Le jour où mon père s’est tu (2), Virginie Linhart mène l’enquête. « Je suis la fille de Robert Linhart, fondateur du mouvement maoïste en France. Mon père est une figure marquante des années 1968. Mais, depuis 1981, après une tentative de suicide, il a choisi de se taire définitivement. » Pourquoi son père a-t-il cessé de parler lorsqu’elle avait alors 15 ans ? Pourquoi ne veut-il jamais revenir sur ses années militantes, où il connut la notoriété, relata dans un livre célèbre (L’Établi, Minuit, 1978) son expérience prolétarienne dans les usines Citroën ?


Durant ces longues années de silence, elle dit avoir été taraudée par la honte : « La honte est un héritage familial qui se transmet remarquablement bien. » En 1968, elle avait 3 ans. Lorsqu’elle devient adolescente, elle entend et reçoit de plein fouet la violence des critiques adressées à Mai 68 : une période de n’importe quoi – au minimum –, « le règne du cynisme et de l’intérêt personnel » selon certains détracteurs… Est-ce la raison pour laquelle ce père ne parle plus ? Elle décide alors de retrouver les autres rejetons des dirigeants soixante-huitards et de les interroger. Son enquête est passionnante. Ils ont pour noms Geismar, Kahn, Krivine, Lévy, Miller (Judith Miller est la fille de Jacques Lacan), Piketty ou Castro… Premier constat réconfortant, la plupart ont plutôt bien réussi leur vie et gardent de leur enfance de bons souvenirs, même si tous en pointent les aspects atypiques. « Moi, à 3 ans, je passais la nuit dans des sacs de couchage dans les festivals de rock (…). La différence fondamentale entre l’éducation que j’ai reçue et celle de mes enfants, c’est que nos parents faisaient leur vie et nous, on suivait, tandis que moi, je me plie à l’emploi du temps des enfants », confie Lamiel (fille de Blandine Barret-Kriegel). Quant à Samuel Castro, fils de l’ex-révolutionnaire Roland Castro, il résume sa jeunesse par une boutade : « J’ai un copain qui a coutume de demander : “Tu as plutôt mal à maman ou à papa ?” »

Et puis Virginie a retrouvé son père, pour un temps, tout en découvrant la maladie mentale qui expliquait son mutisme : « Je mesure désormais les avantages de son silence. » Si sa souffrance demeure, sa culpabilité, elle, a disparu.


C’est à près de 50 ans qu’Éric Fottorino, ancien patron du Monde, part à la recherche de ses origines. Après avoir rendu hommage à son père adoptif qui l’avait éduqué et aimé comme un vrai fils (3), deux ans après le suicide de celui-ci, il décide de renouer le contact avec son père biologique. Il s’appelle Maurice… Maman et toute sa vie de gynécologue-obstétricien, le docteur Maman l’a passée à accoucher des bébés ! Le seul accouchement auquel il n’a pas pu assister ni participer est celui d’Éric, puisque les parents de sa mère s’étaient opposés à l’union de leur fille avec ce Juif marocain. Questions à mon père (4) s’articule sur un émouvant dialogue avec ce père qui n’a pas vu grandir son fils, tenu à distance malgré sa volonté. Ils ont échangé des courriels, Éric lui a rendu visite. Les retrouvailles sont progressives, pleines de pudeur et d’émotion.


Il recompose le décor de l’histoire de sa famille paternelle, du grand-père Mardocchée, personnage haut en couleur resté célèbre dans la famille. « Nous avons passé toute notre vie à nous manquer… Mon nom ne contient pas une moindre parcelle du tien. Dans mon regard, tu es toujours un Juif errant et moi je demeure à jamais une erreur. Mais une erreur, cela se répare, se corrige. Je me croyais enfant du mépris et c’était une méprise. »

Éclairer les zones d’ombre du passé, reconstituer une histoire familiale trop longtemps tue, tenter de lever des doutes sur son identité… Une sorte d’autoanalyse, confie l’auteur.


Rien ne s’oppose à la nuit (5), autre véritable chef-d’œuvre littéraire, a été l’un des succès de la rentrée 2011. La romancière Delphine de Vigan est partie à la recherche des secrets de sa mère pour tenter d’en comprendre le destin. Toute son enfance, l’auteure et sa sœur ont été confrontées aux douleurs, aux angoisses, aux crises de folie de Lucile, leur maman, atteinte du trouble bipolaire. Lorsqu’elle se suicide, en 2008, la romancière décide de reconstituer sa vie en remontant à l’enfance de celle-ci. Il en ressort un récit captivant. L’enfance de Lucile (née en 1946) se passe dans une famille de huit enfants, auprès d’une mère pleine de joie et de fraîcheur (la grand-mère de l’auteure) qui adore voir son ventre s’arrondir. D’un père aussi, toujours prêt à emmener sa tribu en vacances. Au sein de cette famille débordante de vie, de gaîté et de dynamisme, surviennent pourtant des drames : deux frères décédés accidentellement, le petit dernier né trisomique, sans que cela paraisse entamer le moral de la famille. Mais au fil des recherches de D. Le Vigan auprès de ses oncles et tantes, on voit aussi se dessiner une tout autre figure du père « nocif, destructeur et humiliant », et – clé des souffrances de Lucile ? – qui tente d’abuser de ses filles. Enfant rêveuse et solitaire, d’une beauté hypnotique (à 10 ans, sa mère l’emmène poser pour des magazines de mode), à l’adolescence, Lucile se recroqueville sur elle-même alors que la famille se fissure…


Pourquoi une telle démarche de la part de la fille de « l’héroïne » si ce n’est pour percer le mystère de la mère qu’elle a portée, qu’elle a subie aussi, dans ses moments de crise, sans jamais cesser de l’aimer ? « Comme des dizaines d’auteurs avant moi, j’ai décidé d’écrire ma mère. »

Des autobiographies, on pourrait même les appeler des « biographies parentales », il en existe en effet des centaines, il en paraît de nouvelles chaque jour – Philip Roth (Patrimoine. Une histoire vraie, 1992), Paul Auster (L’Invention de la solitude, 1988), Christine Angot (L’Inceste, 1999), Amélie Nothomb (Tuer le père, 2011), Annie Ernaux (La Honte, 1996), Pierre Michon (Vies minuscules, 1984), Emmanuel Carrère (Un roman russe, 2007), Sorj Chalandon (La Légende de nos pères, 2009)…


Dans Les Rêves de mon père (6), un certain Barack Obama, non encore entré en politique, narrait dans un livre plein de tendresse et d’humanité son voyage au Kenya en 1995, pour découvrir ses racines familiales, et en savoir plus sur ce père qui n’avait existé pour lui qu’en pointillé, sorte de héros à la fois admiré et déchu dans son village et au sein de son clan.


Transmission ou archéologie ?


« C’est à partir de ce qui est faille et manque que s’organise la transmission (7) », disent les psychanalystes. Voici sans doute l’un des fils d’Ariane qui sous-tendent tous ces romans de filiation. Écrire pour savoir qui l’on est et d’où l’on vient, donner une présence à ceux dont on est issu, rétablir des vérités, rendre justice et réparer parfois une histoire parentale malmenée. Car, si ces ouvrages sont souvent issus de souffrances, voire de honte et de culpabilité, ils n’en expriment pas moins tous une forte charge de tendresse, une recherche de reconnaissance et d’amour. Ils détectent les vraies raisons de l’absence du père, ils trouvent des justifications aux défaillances maternelles…


Tous semblent vouloir remonter vers le passé pour mieux éclairer le présent et constituent une quête de sens et d’identité. L’« archéologie familiale », genre littéraire très en vogue aujourd’hui, ne devrait-elle pas prendre place dans la liste des thérapies familiales ? Deux choses sont sûres : la première est que ces publications emportent l’enthousiasme du public et certaines sont devenues de véritables best-sellers. La seconde se donne à voir sur les blogs et dans les ateliers d’écriture, où de plus en plus d’anonymes choisissent de s’y livrer.


Un phénomène qui montre en tout cas les ruses d’une transmission, à mille lieues d’un simple transfert entre générations…

 

(1) Voir Danilo Martuccelli et François de SinglyLes Sociologies de l’individu, Armand Colin, 2009, ou 
Vincent de Gaulejac, Qui est « je » ?, Seuil, 2009.

(2) Virginie LinhartLe jour où mon père s’est tu, 
Seuil, 2008.

(3) Éric FottorinoL’homme qui m’aimait tout bas, 
Gallimard, 2009.

(4) Éric FottorinoQuestions à mon père, 
Gallimard, 2010.

(5) Delphine de ViganRien ne s’oppose à la nuit, 
Lattès, 2011.

(6) Barack ObamaLes Rêves de mon père. Histoire d’un héritage en noir et blanc, Presses de la Cité, 2008.

(7) René Kaës et Haydée Faimberg (dir.), 
Transmission dans la vie psychique entre les générations, 1993, rééd. Dunod, 2003.

Etre Libre

 
Etre Libre

Etre libre, quelle belle sensation… ! Rêve ou réalité ?

Etre libre tout en tenant compte de ses obligations et devoirs.

La liberté de penser… Nos pensées nous appartiennent.

La liberté de croire…La Bible, le Coran, la Torah, ...

La liberté d’agir…En accord avec soi-même, ses idées.

La liberté de vivre comme on l’entend.

La liberté de choisir et d’entreprendre… Pour tracer son chemin.

La liberté d’exprimer ses idées.

Etre libre, c’est être bien vivant.

Cette liberté tant chérie, que certains peuples opprimés n’ont pas !

 

 

Si vous pensez au suicide lisez d'abord ceci.

Si vous vous sentez suicidaire, arrêtez-vous pour lire ce qui suit. Cela ne vous prendra que cinq minutes. Je ne veux pas vous dissuader de la réalité de votre souffrance. Je ne vous parlerai ici que comme quelqu'un qui sait ce que souffrir veut dire.  

Je ne sais pas qui vous êtes, ni pourquoi vous lisez cette page.

Je sais seulement qu'en ce moment, vous la lisez, et c'est déjà une bonne chose. Je peux supposer que vous êtes ici parce que vous souffrez et que vous pensez à mettre fin à votre vie. Si cela était possible, je préférerais être avec vous en ce moment, m'asseoir avec vous et parler, face à face et Coeur ouvert. Mais puisque ce n'est pas possible, faisons-le par la biais de cette page.  

J'ai connu un certain nombre de personnes qui voulaient se tuer. J'ai moi-même été dans ce cas. J'ai donc idée de ce que vous pouvez sentir. Je sais que vous n'êtes pas capable de lire un gros livre, alors je vais faire court. Pendant que nous sommes ici ensemble pour les cinq prochaines minutes, j'ai cinq choses simples, pratiques, à vous dire et que j'aimerais partager avec vous. Je ne discuterai pas de savoir si vous devriez vous tuer ou pas. Je pense juste que si vous y pensez, vous devez vraiment souffrir.  

Bien, vous lisez encore ce texte, et c'est très bon. J'aimerais vous demander de rester avec moi jusqu'à la fin de cette page. J'espère que cela veut dire que vous êtes au moins un peu incertain, au fond, quelque part à l'intérieur de vous, de savoir si oui ou non vous allez vraiment mettre fin à votre vie. On ressent souvent cela, même dans l'obscurité la plus profonde de désespoir. Etre dans le doute concernant sa mort, c'est normal. Le fait que vous êtes encore vivant à cette minute signifie que vous êtes encore un peu incertain. Cela veut dire que pendant que vous voulez mourir, au même moment, une partie de vous-même veut continuer à vivre. Tenons-nous à cela, et continuons quelques minutes de plus.  

   
Commencez par penser à cette phrase :  

"Le suicide n'est pas un choix, on y est conduit quand la douleur dépasse les ressources qui permettent d'y faire face."

Dans le suicide, il ne s'agit que de cela. Vous n'êtes pas une personne haïssable, ou folle, ou faible, ou incapable, parce que vous vous sentez suicidaire. Avoir des idées noires ne veut même pas dire que vous voulez vraiment mourir - cela veut juste dire que vous avez plus de douleur que de ressources pour la prendre en charge maintenant. Si j'empile des poids sur vos épaules, vous vous écroulerez au bout d'un moment si j'ajoute suffisamment de poids... quelle que soit votre volonté de rester debout. (C'est pourquoi il est si inutile que les gens vous disent : "debout, garde le moral!" - vous le feriez, évidemment, si vous le pouviez.)   

N'acceptez pas que quelqu'un vous dise, "il n'y a pas de quoi être suicidaire pour cela." Il y a différentes sortes de souffrances qui peuvent mener au suicide. Qu'une douleur soit supportable ou non diffère d'une personne à une autre. Ce qui peut être supportable pour quelqu'un peut ne pas l'être pour vous. La limite où la douleur devient insupportable dépend du genre de ressources dont vous disposez. Les individus sont très différents dans leur capacité à supporter la douleur.  

Quand la douleur dépasse les ressources qui permettent d'y faire face, le résultat, ce sont des pensées suicidaires, des "idées noires". Le suicide n'est alors ni faux ni vrai; ce n'est pas un défaut de caractère; il n'y a pas à le juger moralement. C'est simplement un déséquilibre de la douleur par rapport aux ressources qui permettent de les affronter.  

Vous pouvez survivre à des sentiments suicidaires si vous faites l'une ou l'autre de ces deux choses:  
(1) Trouver un moyen pour réduire la douleur,  
ou   
(2) Trouver un moyen pour augmenter vos ressources pour y faire face.  
Ou les deux à la fois.  

Voici les cinq choses à prendre en considération dont je vous parlais tout à l'heure.  

La première chose que vous avez besoin d'entendre, c'est de savoir qu'on s'en sort. Des personnes qui souffraient autant que vous en ce moment, s'en sont sorties. Vous avez donc de très fortes chances de vous en sortir. J'espère que cette information peut vous donner un peu d'espoir. 

La deuxième chose que je veux vous suggérer est de vous donner du recul. Dites-vous, "j'attendrai 24 heures avant de faire quoi que ce soit." Ou une semaine. Souvenez-vous que sensations et actions sont deux choses différentes - que vous ayez le sentiment de vouloir vous tuer, ne signifie pas que vous devez le faire maintenant. Mettez du recul entre vos sensations suicidaires et un passage à l'acte. Même si ce n'est que 24 heures. Vous en avez été capables 5 minutes en lisant cette page. Vous pouvez le faire encore 5 minutes en continuant à la lire. Continuez et prenez conscience du fait qu'alors que vous vous sentez encore suicidaire, vous n'êtes pas, en ce moment, en train d'agir en ce sens. C'est très encourageant pour moi, et j'espère que cela l'est pour vous. 

La troisième chose est ceci: on pense souvent au suicide pour trouver un soulagement à sa douleur. On ne veut pas mourir mais arrêter de souffrir. Souvenez-vous que le soulagement est une sensation. Et vous devez être vivant pour la ressentir. Vous ne sentirez pas le soulagement que vous cherchez si désespérément, si vous êtes mort. 

La quatrième chose est ceci: certains réagiront mal à vos sentiments suicidaires, parce qu'ils sont effrayés ou en colère; ces personnes peuvent même augmenter votre douleur au lieu de vous aider, en dépit de leurs intentions, en disant ou faisant des choses irréfléchies. Vous devez comprendre que leurs réactions négatives ont à voir avec leurs propres peurs, pas avec vous.  

Mais il y a aussi des personnes qui peuvent être avec vous pendant ces moments si difficiles. Ils ne vous jugeront pas, ne chercheront pas à vous contredire. Ils feront simplement attention à vous. Trouvez-en une. Maintenant. Utilisez vos 24 heures, ou votre semaine, et dites à quelqu'un ce qui se passe pour vous. Il est normal de pouvoir un jour demander de l'aide. Appelez une ligne d'écoute spécialisée (SOS Suicide Phénix, SOS amitié, appelez un centre spécialisé près de vous, ou regardez dans l'annuaire), appelez un psychothérapeute (psychanalyste, psychologue, psychiatre), quelqu'un qui est capable de vous écouter. Mais surtout ne portez pas le fardeau supplémentaire d'essayer de vous charger de cela seul. Juste parler de ce qui vous a conduit là peut vous enlever une grosse part de la pression qui vous pèse, et c'est peut-être juste la ressource supplémentaire dont vous avez besoin pour retrouver l'équilibre.

La dernière chose que je veux que vous sachiez maintenant est ceci: les sensations suicidaires sont, dans et par elles-mêmes, traumatisantes. Après leur disparition, vous avez besoin de continuer à prendre soin de vous. Commencer une thérapie est vraiment une bonne idée.

Bien. il s'est écoulé quelques minutes et vous êtes encore avec moi. J'en suis vraiment heureux.  

Puisque vous avez été jusqu'ici, vous méritez un cadeau. Je pense que vous devriez vous récompenser en vous donnant une portion de ressources supplémentaires pour affronter la douleur . Souvenez-vous, plus haut vers le début de la page, j'ai dit que l'idée est de s'assurer d'avoir plus de ressources que de douleur. Alors donnez-vous en une supplémentaire, ou deux, ou dix...! jusqu'à ce qu'elles surpassent vos sources de douleur.   

Maintenant, si cette page a pu vous apporter un quelconque soulagement, la meilleure et la plus grande ressource que vous pouvez trouver, c'est quelqu'un a qui parler. Si vous trouvez quelqu'un qui veut écouter, et si vous lui dites comment vous vous sentez et comment vous en êtes arrivé là, vous aurez vraiment augmenté vos ressources. Heureusement, la première personne que vous choissirez ne sera pas la dernière. Il y a beaucoup de gens qui aimeraient entendre ce qu'il en est pour vous. Il est temps de commencer à en chercher une autour de vous.  

 

Et maintenant, j'aimerais que vous appeliez quelqu'un.

David L. Conroy, texte original sur metanoia.org