Psycho-Généalogie

Quand les enfants accouchent de leurs parents (Martine Fournier "Sciences Humaines")

Pourquoi tant d’enfants, devenus adultes, partent-ils à la recherche de l’histoire de leurs parents ? À l’ère de l’individu, cette quête 
du passé prend de nouvelles colorations. 
Le roman familial ne s’est jamais si bien porté.

On se représente souvent la transmission familiale comme une relation descendante dans laquelle les parents livreraient aux enfants une histoire constitutive de leur identité. Mais ne serait-ce pas plus souvent l’inverse qui se produit ? Nombreux sont ces enfants qui, devenus adultes, sont partis à la recherche de l’histoire de leurs parents. Nombreux sont ceux qui se perçoivent un jour comme des « héritiers du silence » et qui cherchent à remplir les vides d’une transmission qui ne s’est pas faite, à en comprendre les raisons, entrer dans les pans occultés de l’histoire familiale, et même partir à la découverte de ce qui s’apparente parfois à des secrets de famille… Les sociologues et les psychologues y voient un symptôme des temps actuels, une quête pour la construction de l’identité personnelle devenue essentielle dans les sociétés individualistes (1).


Certes, le roman familial, sur fond d’amour ou de haine, de culpabilité ou de honte, de bonheur et de souffrances a toujours fait les belles heures de la littérature. Mais un nouveau genre est apparu récemment. Les spécialistes les nomment des « autofictions ». Ils mêlent enquêtes, autobiographies, récits, réflexions, et offrent d’innombrables et émouvants exemples de ces individus partis à la recherche de leur passé.


Comprendre et donner du sens


Dans Le jour où mon père s’est tu (2), Virginie Linhart mène l’enquête. « Je suis la fille de Robert Linhart, fondateur du mouvement maoïste en France. Mon père est une figure marquante des années 1968. Mais, depuis 1981, après une tentative de suicide, il a choisi de se taire définitivement. » Pourquoi son père a-t-il cessé de parler lorsqu’elle avait alors 15 ans ? Pourquoi ne veut-il jamais revenir sur ses années militantes, où il connut la notoriété, relata dans un livre célèbre (L’Établi, Minuit, 1978) son expérience prolétarienne dans les usines Citroën ?


Durant ces longues années de silence, elle dit avoir été taraudée par la honte : « La honte est un héritage familial qui se transmet remarquablement bien. » En 1968, elle avait 3 ans. Lorsqu’elle devient adolescente, elle entend et reçoit de plein fouet la violence des critiques adressées à Mai 68 : une période de n’importe quoi – au minimum –, « le règne du cynisme et de l’intérêt personnel » selon certains détracteurs… Est-ce la raison pour laquelle ce père ne parle plus ? Elle décide alors de retrouver les autres rejetons des dirigeants soixante-huitards et de les interroger. Son enquête est passionnante. Ils ont pour noms Geismar, Kahn, Krivine, Lévy, Miller (Judith Miller est la fille de Jacques Lacan), Piketty ou Castro… Premier constat réconfortant, la plupart ont plutôt bien réussi leur vie et gardent de leur enfance de bons souvenirs, même si tous en pointent les aspects atypiques. « Moi, à 3 ans, je passais la nuit dans des sacs de couchage dans les festivals de rock (…). La différence fondamentale entre l’éducation que j’ai reçue et celle de mes enfants, c’est que nos parents faisaient leur vie et nous, on suivait, tandis que moi, je me plie à l’emploi du temps des enfants », confie Lamiel (fille de Blandine Barret-Kriegel). Quant à Samuel Castro, fils de l’ex-révolutionnaire Roland Castro, il résume sa jeunesse par une boutade : « J’ai un copain qui a coutume de demander : “Tu as plutôt mal à maman ou à papa ?” »

Et puis Virginie a retrouvé son père, pour un temps, tout en découvrant la maladie mentale qui expliquait son mutisme : « Je mesure désormais les avantages de son silence. » Si sa souffrance demeure, sa culpabilité, elle, a disparu.


C’est à près de 50 ans qu’Éric Fottorino, ancien patron du Monde, part à la recherche de ses origines. Après avoir rendu hommage à son père adoptif qui l’avait éduqué et aimé comme un vrai fils (3), deux ans après le suicide de celui-ci, il décide de renouer le contact avec son père biologique. Il s’appelle Maurice… Maman et toute sa vie de gynécologue-obstétricien, le docteur Maman l’a passée à accoucher des bébés ! Le seul accouchement auquel il n’a pas pu assister ni participer est celui d’Éric, puisque les parents de sa mère s’étaient opposés à l’union de leur fille avec ce Juif marocain. Questions à mon père (4) s’articule sur un émouvant dialogue avec ce père qui n’a pas vu grandir son fils, tenu à distance malgré sa volonté. Ils ont échangé des courriels, Éric lui a rendu visite. Les retrouvailles sont progressives, pleines de pudeur et d’émotion.


Il recompose le décor de l’histoire de sa famille paternelle, du grand-père Mardocchée, personnage haut en couleur resté célèbre dans la famille. « Nous avons passé toute notre vie à nous manquer… Mon nom ne contient pas une moindre parcelle du tien. Dans mon regard, tu es toujours un Juif errant et moi je demeure à jamais une erreur. Mais une erreur, cela se répare, se corrige. Je me croyais enfant du mépris et c’était une méprise. »

Éclairer les zones d’ombre du passé, reconstituer une histoire familiale trop longtemps tue, tenter de lever des doutes sur son identité… Une sorte d’autoanalyse, confie l’auteur.


Rien ne s’oppose à la nuit (5), autre véritable chef-d’œuvre littéraire, a été l’un des succès de la rentrée 2011. La romancière Delphine de Vigan est partie à la recherche des secrets de sa mère pour tenter d’en comprendre le destin. Toute son enfance, l’auteure et sa sœur ont été confrontées aux douleurs, aux angoisses, aux crises de folie de Lucile, leur maman, atteinte du trouble bipolaire. Lorsqu’elle se suicide, en 2008, la romancière décide de reconstituer sa vie en remontant à l’enfance de celle-ci. Il en ressort un récit captivant. L’enfance de Lucile (née en 1946) se passe dans une famille de huit enfants, auprès d’une mère pleine de joie et de fraîcheur (la grand-mère de l’auteure) qui adore voir son ventre s’arrondir. D’un père aussi, toujours prêt à emmener sa tribu en vacances. Au sein de cette famille débordante de vie, de gaîté et de dynamisme, surviennent pourtant des drames : deux frères décédés accidentellement, le petit dernier né trisomique, sans que cela paraisse entamer le moral de la famille. Mais au fil des recherches de D. Le Vigan auprès de ses oncles et tantes, on voit aussi se dessiner une tout autre figure du père « nocif, destructeur et humiliant », et – clé des souffrances de Lucile ? – qui tente d’abuser de ses filles. Enfant rêveuse et solitaire, d’une beauté hypnotique (à 10 ans, sa mère l’emmène poser pour des magazines de mode), à l’adolescence, Lucile se recroqueville sur elle-même alors que la famille se fissure…


Pourquoi une telle démarche de la part de la fille de « l’héroïne » si ce n’est pour percer le mystère de la mère qu’elle a portée, qu’elle a subie aussi, dans ses moments de crise, sans jamais cesser de l’aimer ? « Comme des dizaines d’auteurs avant moi, j’ai décidé d’écrire ma mère. »

Des autobiographies, on pourrait même les appeler des « biographies parentales », il en existe en effet des centaines, il en paraît de nouvelles chaque jour – Philip Roth (Patrimoine. Une histoire vraie, 1992), Paul Auster (L’Invention de la solitude, 1988), Christine Angot (L’Inceste, 1999), Amélie Nothomb (Tuer le père, 2011), Annie Ernaux (La Honte, 1996), Pierre Michon (Vies minuscules, 1984), Emmanuel Carrère (Un roman russe, 2007), Sorj Chalandon (La Légende de nos pères, 2009)…


Dans Les Rêves de mon père (6), un certain Barack Obama, non encore entré en politique, narrait dans un livre plein de tendresse et d’humanité son voyage au Kenya en 1995, pour découvrir ses racines familiales, et en savoir plus sur ce père qui n’avait existé pour lui qu’en pointillé, sorte de héros à la fois admiré et déchu dans son village et au sein de son clan.


Transmission ou archéologie ?


« C’est à partir de ce qui est faille et manque que s’organise la transmission (7) », disent les psychanalystes. Voici sans doute l’un des fils d’Ariane qui sous-tendent tous ces romans de filiation. Écrire pour savoir qui l’on est et d’où l’on vient, donner une présence à ceux dont on est issu, rétablir des vérités, rendre justice et réparer parfois une histoire parentale malmenée. Car, si ces ouvrages sont souvent issus de souffrances, voire de honte et de culpabilité, ils n’en expriment pas moins tous une forte charge de tendresse, une recherche de reconnaissance et d’amour. Ils détectent les vraies raisons de l’absence du père, ils trouvent des justifications aux défaillances maternelles…


Tous semblent vouloir remonter vers le passé pour mieux éclairer le présent et constituent une quête de sens et d’identité. L’« archéologie familiale », genre littéraire très en vogue aujourd’hui, ne devrait-elle pas prendre place dans la liste des thérapies familiales ? Deux choses sont sûres : la première est que ces publications emportent l’enthousiasme du public et certaines sont devenues de véritables best-sellers. La seconde se donne à voir sur les blogs et dans les ateliers d’écriture, où de plus en plus d’anonymes choisissent de s’y livrer.


Un phénomène qui montre en tout cas les ruses d’une transmission, à mille lieues d’un simple transfert entre générations…

 

(1) Voir Danilo Martuccelli et François de SinglyLes Sociologies de l’individu, Armand Colin, 2009, ou 
Vincent de Gaulejac, Qui est « je » ?, Seuil, 2009.

(2) Virginie LinhartLe jour où mon père s’est tu, 
Seuil, 2008.

(3) Éric FottorinoL’homme qui m’aimait tout bas, 
Gallimard, 2009.

(4) Éric FottorinoQuestions à mon père, 
Gallimard, 2010.

(5) Delphine de ViganRien ne s’oppose à la nuit, 
Lattès, 2011.

(6) Barack ObamaLes Rêves de mon père. Histoire d’un héritage en noir et blanc, Presses de la Cité, 2008.

(7) René Kaës et Haydée Faimberg (dir.), 
Transmission dans la vie psychique entre les générations, 1993, rééd. Dunod, 2003.

Le corps aussi se souvient

"Aborder par l'histoire personnelle les souffrances du corps. Le corps garde en lui les souvenirs enfouis de vos souffrances d'enfants, de foetus, et même parfois de celles de vos parents et de vos ancêtres. Imprimées dans les muscles, les os et jusque dans la chair, ces douleurs résonnent dans votre corps et se réveillent au fil des événements de la vie. Trouver et comprendre les racines de ce qui vous fait souffrir, vous en libérer en agissant concrètement sur le corps pour le réparer, afin de ne plus subir votre histoire."

 

 

Notre corps ne ment pas. Il dit nos troubles, nos conflits, nos souffrances. Mais celles-ci sont-elles à l’origine de la maladie ? Jusqu’où notre passé peut-il influencer notre santé ? Le point sur les liens complexes entre la mémoire du corps et celle de l’esprit.

Flavia Mazelin-Salvi

 

Myriam Brousse, thérapeute et fondatrice de L’École de mémoire cellulaire (ecoledememoirecellulaire.fr), est l’auteure avec notre collaboratrice Valérie Péronnet de Votre corps a une mémoire (Marabout, 2009).

Tombée gravement malade il y a trente ans, Myriam Brousse a développé, pour se soigner, une méthode qu’elle a appelée « mémoire cellulaire » : le patient raconte son histoire au thérapeute, qui y repère les expériences douloureuses et les note. En relaxation guidée, il revient ensuite sur ces épisodes, prend conscience des effets physiques de leur évocation et les revit émotionnellement. Délivré de leur forte charge émotionnelle, il peut ensuite remonter jusqu’à l’événement originel, celui qui a fait, selon Myriam Brousse, un « faux pli » dans son corps. Ainsi, l’une de ses patientes qui souffrait d’emphysème, au point que les médecins ne voyaient plus d’autre solution qu’une opération des poumons, a-t-elle découvert, en travaillant avec la thérapeute, que ses crises d’étouffement étaient dues au corset que sa mère portait au cinquième mois de grossesse pour la dissimuler. « Revivant la mémoire foetale au cinquième mois, elle a pu se libérer grâce aux larmes provoquées par ce ressenti physique », expose Myriam Brousse, qui conclut : « C’est ainsi que s’opère le processus de guérison dans la mémoire du corps. » Reconnue par beaucoup, discutable selon certains, cette méthode est dans tous les cas née d’un principe admis par tous : le corps est le lieu où se raconte notre histoire la plus intime. Et notre santé, physique et psychique, est toujours en lien avec elle.

“C'est psychosomatique”

Une réalité que nous résumons par l’expression « c’est psychosomatique » pour désigner aussi bien un eczéma qu’un cancer. Mais qui sait ce que cela signifie réellement ? S’agit-il de la transformation d’un conflit psychique en symptôme physique ou bien d’une maladie dont les causes seraient multiples mais dans laquelle les facteurs émotionnels joueraient un rôle important ? La médecine penche aujourd’hui majoritairement pour la seconde hypothèse. « L’humain est un système fait de différents sous-systèmes, affirme Jean- Benjamin Stora, psychanalyste et psychosomaticien. Il n’existe ni “tout psychique” ni “tout physique”. Ce que l’on sait, c’est qu’un appareil psychique bien structuré est l’équivalent d’un système immunitaire costaud : il sait bien gérer ses défenses. »

Notre esprit influence notre santé

Charcot, Freud et les autres

Le terme psychosomatique (du grecpsukhê, « esprit », et sôma, « corps ») a été introduit au cours du XIXe siècle par le psychiatre allemand Johann Christian August Heinroth, qui avait remarqué l’influence de l’esprit sur l’évolution de la maladie. Plus tard, l’étude de l’hystérie par Jean-Martin Charcot et par Sigmund Freud a établi que les conflits psychiques s’exprimaient violemment dans le corps et que, pour « soigner » celui-ci, il fallait d’abord dénouer, par la parole, le conflit dans le psychisme. Les fondements de la psychosomatique seront ensuite posés par des psychanalystes comme l’Allemand Georg Groddeck et le Hongrois Sándor Ferenczi, puis développés aux États-Unis par Franz Alexander et en France dans les années 1960 par Pierre Marty.

Pour Pierre Marty, l’un des pionniers de la psychosomatique en France, moins nous sommes dans la conscience d’un événement douloureux ou stressant (ce qui permet d’évacuer sa forte charge émotionnelle), plus son impact dans le corps sera fort. C’est ce que l’on appelle une somatisation. « Cela signifie que le souvenir de l’événement reste dans le corps et se manifeste par des symptômes physiques », détaille Sylvie Cady. Pour la psychanalyste et psychosomaticienne, toute épreuve « perturbe notre rythme corporel, basé sur le duo “tension-dépression”. Si elle se transforme en conflit ou en impasse pour le sujet, elle peut se traduire par une pathologie psychosomatique ». De la plus bénigne à la plus grave. Ce qui est certain, c’est que plus nous restons coincés psychiquement dans un épisode difficile (divorce, deuil, licenciement…) plus notre mal-être s’exprime par des symptômes physiques. Dans ce cas, pour la psychanalyse comme pour les neurosciences, l’explication est à rechercher dans notre passé. « Nous connaissons aujourd’hui l’importance de la biologie de l’attachement, souligne Roland Jouvent, professeur de psychiatrie à l’université Paris-VI. Nous savons que la qualité de nos relations d’adulte dépend de la qualité de nos premiers liens affectifs et corporels, qui ont influencé notre physiologie et notre biologie. Raison pour laquelle nous pouvons dire que nos premières expériences déterminent notre patrimoine émotionnel. Ainsi, un grand choc affectif pas ou mal assimilé dans la petite enfance peut modifier notre chimie vers une tendance à l’anxiété et à la dépression, lesquelles favorisent les maladies cardio-vasculaires. » Mais, précise Roland Jouvent, « il ne s’agit pas de déterminisme pour autant, de nombreux autres facteurs interviennent, comme la gestion actuelle des émotions, la qualité de l’environnement, le patrimoine génétique, etc. ». Cela explique pourquoi, d’un individu à l’autre, face à un même événement traumatique, la réponse sera forcément singulière. « Sur deux femmes porteuses du gène du cancer du sein, l’une développera la maladie et l’autre pas, ajoute Jean-Benjamin Stora. Nous avons décodé le génome, mais pas les interrelations entre les gènes. » Preuve, selon lui, que « la mémoire du corps, multiple et complexe, échappe à toute grille de lecture univoque »

 

Psychogénéalogie des Lieux de Vie (C.Ulivucci)

Pourquoi évitons-nous certains lieux, tandis que d'autres nous attirent ?

Pourquoi est-il si difficile pour certaines personnes de s'investir quelque part, et impossible pour d'autres de déménager ?

Pourquoi achète-t-on telle maison plutôt qu'une autre ?

Pourquoi éprouve-t-on parfois le besoin irrépressible de revenir sur les lieux de son passé ?

Telles sont quelques-unes des très nombreuses questions que ce livre éclaire. Car les lieux peuvent nous faire signe, se répondre à travers les générations, nous habiter de multiples façons.

Que viennent-ils donc rappeler de notre histoire familiale ?

Quel est leur rôle dans celle-ci ? Que pouvons-nous en tirer comme enseignement pour notre propre vie ?

Que pouvons-nous transformer aujourd'hui d'un héritage subi ?

Dans ce grand jeu de pistes auquel nous invitent les lieux, à nous de trouver des fils conducteurs, des perspectives insoupçonnées et de nouvelles impulsions

"Marcher vers son identité, c’est prendre conscience de ses racines

Définition

La psycho-généalogie est une approche thérapeutique qui se penche sur les origines d'un individu, sur l' histoire de ses ancêtres afin qu'il comprenne d'où il vient et comment dans son histoire personnelle actuelle, il peut retrouver d'anciennes histoires familiales. Des racines pour faire pousser les branches: c'est ce que nous sommes.

Connaître ses racines c'est permettre à la sève de circuler, et d'engendrer des pousses plus saines et plus vives. Les thérapeutes, ces "détectives de la mémoire", vont tenter de découvrir les secrets de famille, les réparations des fautes (réelles ou imaginées) des parents que l'on s'impose à soi ou aux autres sans le savoir, les deuils mal vécus,les ruptures passées dans la famille avec un proche que l'enfant devenu adulte reproduit avec ses propres proches, les non-dits toxiques pour les générations suivantes et qui peuvent "aspirer les sujets parfois dans de graves tourmentes".

Révéler l’histoire de la famille dans la construction de la personne est la base de la psycho généalogie afin de savoir ce qui lui appartient et ce qui ne lui appartient pas dans ses comportements. La situation vécue par les personnes adoptées est elle aussi particulière.



Le principe

Un fait de la vie d'un individu peut resurgirent une ou deux générations plus tard sur un ou plusieurs de ses descendants. Leurs choix de vie en seront influencés, leur comportement en dépendra comme si "nos problèmes commémoraient des faits traumatiques de nos ancêtres".

Les thérapies en psycho généalogie révèlent que "ce qui n’a pas été résolu à un maillon de la chaîne familiale ressort toujours au cours d'une ou plusieurs générations suivantes". Ainsi, chacun d'entre nous se trouve parasité pendant un temps plus ou moins long de sa vie par des situations ou des personnages qui appartiennent au passé familial.

Ces événements se comportent comme des fantômes de la famille qui effraient, paralysent et conditionnent tant qu'on ne les (re) connaît pas. Les habitudes, les croyances, souvent transmises de génération en génération sont autant de valises qui ne nous appartiennent pas et que nous portons depuis notre enfance. Ces valises entrent parfois en conflit avec notre identité propre qui ne parvient pas à s'exprimer.

Rendre à César ce qui est à César, et réparer notremaillon de la chaîne familiale, celui dont nous sommes responsables, c'est le plus beau cadeau que nous puissions faire à nos enfants.

Les faits observés

Un phénomène peut courir sur deux ou trois générations: il revient un jour d'anniversaire familial comme le jour de la mort d'un aïeul, d'un divorce ou d'un accident. On constate par exemple qu'un événement identique affecte de nombreux membres de notre famille au même âge (perte d'un enfant, divorce, licenciement...).

Ainsi Claire -t-elle avorté au même âge que sa mère et que sa grand mère (même si ce n'est pas pour les mêmes raisons ni dans les mêmes circonstances).

Existe-t-il une "reproduction inconsciente" entre les générations? Peut-on parler d'un héritage psychologique? Comment cela s'explique-t-il?


Cette transmission inter-générationnelle a deux aspects

C'est une transmission orale directe: nous avons entendu certaines histoires par des membres de la famille en plusieurs occasions, par des comportements visibles (mon père déclenche toujours de véritables drames familiaux lors des repas de fêtes, ma cousine est totalement paralysée quand on lui demande l'origine de sa grand-mère) ou des sous-entendus (lorsque vous rapportiez des mauvaises notes on vous prédisait de finir comme tante Fortunée, qui quitta le pays seule et reniée par sa famille).
 

Elle témoigne de l'inconscient collectif qui unit une famille

C'est "dans l'air", ça se sait, même si ça ne s'est jamais dit clairement ou par allusion. Nos choix de vie se feront en fonction de notre histoire familiale, quand bien même ce savoir est inconscient. L'histoire nous influence, même lorsque nous ne la connaissons pas, tout comme un organe fait fonctionner notre corps indépendamment de nos connaissances médicales. Qu'en est-il des "secrets de famille" et du passé que l'on ne connaît pas, et celui qu'on ne pourra jamais connaître? Il influence tout autant.


Le but recherché lors d'une thérapie en psycho généalogie

Trouver son identité, sa place, reconnaître les comportements qui nous appartiennent et ceux dont on a hérité et remettre chacun (personnage et événements) à sa place réelle.

 

Des outils adaptés

Comment découvrir les événements survenus dans la vie de nos parents et aïeux qui pourraient avoir un impact sur un de nos problèmes récurrents? Comment faire cesser une habitude qui nous limite, nous étouffe sans que nous arrivions à l'éviter, comment arrêter ce cercle vicieux?

Comment remettre à sa place ce morceau d'histoire qui ne nous appartient pas et que nous trimbalons depuis notre naissance. Y a-t-il un lien entre mes deux oedèmes pulmonaires et ma fille morte noyée ? Pouquoi 3 de mes enfants se sont retrouvés aux urgences pour brûlures au 2ème degré alors que ma famille a connu les camps de la mort ?

La recherche de l'histoire familiale peut éclairer de façon décisive une thérapie et empêcher par exemple l'apparition des punitions -inconscientes-mais bien réelles que nous nous infligeons .

Pour répondre à ces questions, le psycho généalogue possède un outil majeur: le génogramme.
Il s’agit de la représentation graphique de l’arbre généalogique sur lequel est signalisé ce qui relie les membres d'une même famille et les grands événements qui ont affecté la vie de chacun.


Exemple de travail effectué lors d'une thérapie: la recherche sur les prénoms

On travaillera particulièrement sur le choix du prénom des enfants qui "est loin d’être neutre car la personne qui choisit projette un ensemble de caractéristiques de la personnalité du futur enfant avec ce prénom" (Chantal Rialland - Cette famille qui vit en nous - Éditions Robert Laffont)

On posera différentes questions: qui a choisi le prénom? Notre mère, notre père, les deux ensemble? L'enfant porte-t-il le prénom d'une personne connue par le passé, d'un parent décédé? Si oui quelle fut son histoire , de quelle façon est-elle morte,etc. ?

Faire le choix du prénom d'une personne connue, c'est espérer attacher l'enfant à l'ensemble des qualités ou/et à l'histoire d'un tiers et donc parfois aboutit à lui "refiler" une histoire polluante qui n'est pas la sienne.

Les prénoms de personnes connues

"Ma mère avait en admiration son amie Catherine qui avait de très vilaines jambes mais qui était très à l'aise dans son corps. Je me nomme Catherine, et jusqu'à maintenant (j'ai 53 ans) je cache mes jambes que je trouve difformes, j'ai beaucoup de mal à être satisfaite de ma vie, comme l'était la Cathe-rien (je laisse le lapsus!) de maman".

Les prénoms des grands parents

Si nous avons des prénoms de la famille, cela peut être lourd à porter car l'enfant cherchera à reproduire la personnalité de cet aïeul pensant- inconsciemment- que c'est la condition pour être aimé de ses parents.
C'est particulièrement vrai si le prénom à été donné pour faire plaisir ou si nous sommes en conflit avec les personnes dont nous donnons le prénom. On imagine le conflit engendré par le port de deux prénoms de grands parents qui ne souhaitaient pas le mariage de nos propres parents.

Exemple:

Votre grand père Jean ne s'est jamais occupé de sa fille,votre mère. Pour tenter de "compenser", votre mère s' "offrit" et lui offrit un fils du même prénom,vous, reportant sur vous les attentes de cet amour paternel tant attendu. Vous portez donc toute la frustration engendrée par cette attente de votre mère qui exige de vous des "doubles" marques d'amour.Cette "transaction trans- générationnelle " n'a pas guéri votre mère de sa relation avec son père.

 Quelques témoignages

1) Sentiment de honte et enfant illégitime

Mireille a toujours eu cette impression d'être de trop, pas à sa place, qu'elle n’avait pas le droit d’être elle-même. La construction de son génogramme a mis en évidence le mariage arrangé de ses parents alors que sa mère était enceinte d'un premier amour. La lumière faite sur cette filiation douloureuse lui permis de se construire enfin.

2) Une histoire d'eau transgénérationnelle

Nathalie a failli perdre sa petite fille d'un an noyée dans sa baignoire. Son grand oncle est mort noyé quelques années auparavant devant elle à la Ciotat. Le père de son mari a vécu sous dialyse de rein (impossibilité de sortir son eau) durant quelques années avant de mourir d'un oedème pulmonaire (poumons envahis par le sang) alors que sa fille (soeur de son mari) était morte noyée dans une fontaine à l'âge de 2 ans. C'est lors d'un consultation pour les problèmes d'eurésie(pipi au lit)de sa 3 ème fllle de 7 ans que le génogramme révèle cette succession de faits impressionnante et que la maman comprend qu'elle doit cesser de crier sur sa fille.

3) Romain n'arrive pas à s'engager dans une relation officielle

C'est un jeune homme beau et équilibré, de type méditerranéen, qui fréquente Martine depuis 5 ans.
Il l'aime mais ne parvient pas a s'engager réellement dans la relation, ce qui les fait souffrir tous les deux.
Lors de la reconstitution de l'arbre familial, Romain (Rome) apprend que sa mère a toujours regretté son amour de jeunesse, un jeune homme italien séduisant. Romain a un frère, Jérôme (J'ai Rome) qui vient de divorcer pour la 3 ème fois. Son père est mort deux ans plus tôt dans un accident de voiture en Italie.
Romain réalise que son comportement ne lui "appartient" pas .

La recherche trans-générationnelle réhabilite la vérité familiale, elle permet aux histoires personnelles de se libérer et autorise à devenir l'individu authentique qu'il mérite d'être.
Une fois redevenu nous-même, nous pouvons enfin relancer des histoires d'amour bloquées dans le temps, réhabiliter nos parents, leurs erreurs et leur souffrances, reconnaître leurs douleurs mais ne pas les porter et donc aimer sans avoir peur de trahir.

Psycho Généalogie

La psycho-généalogie où l’art de se connaître grâce à nos ancêtres

Hélène Morvan

 
Une discipline récente

La psycho-généalogie est une approche thérapeutique qui, ouvrant le monde de nos ancêtres, de nos origines, nous permet de mieux comprendre notre personnalité.

En effet, la psychanalyse et la psychologie ayant établi l’importance de l’histoire de la filiation dans la construction de la personne, certains thérapeutes ont poussé plus loin cette dimension dans le cadre même de leur travail, plaçant alors l’histoire familiale au premier plan de l’intervention thérapeutique.

C’est ainsi que la psycho-généalogie est née au début des années 80. Les concepts fondamentaux de cette thérapie étant : l’origine, la transmission, l’identité.


Des outils adaptés

Les outils adaptés à cette approche sont définis à partir du génogramme. Il s’agit de la représentation graphique codifiée de l’arbre généalogique. Il offre un véritable panorama de la constellation familiale.

C’est à partir de ces outils que les thérapeutes, détectives de la mémoire, vont tenter de découvrir les secrets de famille, les fautes cachées, les non-dits toxiques pour les générations suivantes et qui aspirent les sujets parfois dans de graves tourmentes.

En effet, ce qui n’a pas été résolu à un maillon de la chaîne familiale ressort toujours aux générations d’après.

Pour preuve le témoignage d’Alice qui a suivi une psycho-généalogie :

« Toute ma vie, je me sentais envahie par une sorte de honte. Comme si je n’avais pas le droit d’être ce que j’étais et que je vivais dans l’imposture. Quand j’ai compris, grâce aux recherches généalogiques que j’ai faite, que ma mère était une enfant naturelle, légitimée par un mariage arrangé à la va-vite avec un homme qui avait accepté d’endosser sa fausse paternité, brusquement tout est devenu plus clair en moi ».


Ainsi le travail thérapeutique avec l’arbre généalogique révèle t-il combien chaque individu, pendant un temps plus ou moins long de sa vie, se trouve parasité, de façon inconsciente, par des situations ou des personnages - fantômes ayant vécu à une (ou des) génération(s) antérieure(s).


Trouver son identité, sa place

Le travail avec l’arbre généalogique replace chaque personnage dans sa vie et ceci afin de laisser l’espace au sujet de prendre conscience de ce qui lui appartient en propre et de ce à quoi jusqu’alors il était identifié. La thérapie doit permettre d’atteindre un sentiment d’identité. Etre soi, c’est à dire devenir autonome tant affectivement que matériellement de sa famille. C’est comme le souligne la thérapeute Maureen Boigen, trouver et occuper sa place pleinement : psychiquement et physiquement.

C’est sur cette notion de place que va s’appuyer la psycho-généalogie afin qu’une personne s’approche de son identité.


« Marcher vers son identité, c’est prendre conscience de ses racines pour être bien dans ses branches… » M. Boigen