Sociologie

L’enfant a des devoirs car il a des droits

J’entends régulièrement affirmer qu’il faut d’abord rappeler leurs devoirs aux enfants, avant de songer à leurs droits. D’autres, dans la même veine, n’hésitent pas à affirmer que c’est bien parce qu’on a reconnu des droits aux enfants qu’ils ne respectent plus aucune autorité. Je rencontre même fréquemment des parents, hier issus de la petite bourgeoisie, aujourd’hui de l’immigration africaine, m’avancer que dès lors qu’un père ne peut plus frapper ses enfants en France, au nom du droit des enfants, il ne peut plus les élever et se faire respecter.

Je ne surprendrai pas en disant que je ne partage pas un instant ces assertions. J’affirme même que c’est bien parce qu’on identifie un individu dans ses droits que l’on peut plus facilement exiger de lui qu’il respecte la loi.

Il n’est pas besoin d’être un grand observateur politique pour retrouver cette problématique dans différents domaines du champ social. On retrouve cette idée dans l’approche du débat sur le vote des étrangers aux élections locales.

J'ajoute que droits et devoirs ne sont pas indéfectiblement liés. Certains droits de l'homme fondamentaux comme le respect de la personne ne sont gagés par aucun devoir.  La femme qui ne se fait pas agresser sexuellement dans la rue n'a pas à remercier le passant qu'elle croise !

Par ailleurs il ne faut pas confondre autorité et violence. On peut faire preuve d’autorité sans élever la voix ou sans frapper.

Si dans notre pays l’autorité quelle qu’elle soit n’est pas respecté, c’est souvent parce qu’elle-même n’est pas ou plus respectable. On multiplierait les exemples issu notamment du terrain public Chacun les ayant en tête je ferai l’économie de les restituer.

Reste que devant l’intérêt que mes lecteurs portent à la problématique droits et devoirs si j’en juge par le taux de consultation journalier des billets de ce blog qui abordent cette question, il m’apparaît nécessaire de la reprendre plus exhaustivement.

Enfant et enfant

Commençons par le début : qu’est-ce qu’un enfant au sens juridique du terme ? Il s’agit d’une personne humaine de moins de 18 ans. La majorité civile a été ramenée en 1974 de 21 à 18 ans. La majorité pénale elle est à 18 ans depuis 1906 quand elle était jusque là à 16 ans. En d’autres termes, à 18 ans tout individu dispose de l’ensemble de ses droits civils, civiques et politiques.

Ce n’est cependant pas dire, on va le voir, que le droit traite de la même manière l’enfant de 0 à 18 ans. Des seuils - 7-8 ans, 10 ans, 13 ans, 16 ans - scandent la maturation des enfants. Quand pour le journal Tintin on est un enfant de 7 à 77 ans, à 18 ans la société pose le principe que le petit d’homme est achevé.

Droit sur , droit à , droit de l'enfant

Il est vrai qu’un des apports du XX° siècle aura été de considérer l’enfant non plus comme un objet d’appropriation que comme une personne. François Dolto y aura contribué d’une manière essentielle dans la dernière période mais c’est bien le travail d’un siècle qui a commencé au lendemain de la deuxième révolution industrielle. D’ailleurs ne n’interpelle-t-on pas traditionnellement ses interlocuteurs en leur demandant « Combien avez-vous d’enfants ? «  alors qu’on devrait dire « Combien de fois être vous parents ?» ! Etre ou avoir, là encore.

La tendance reste encore forte de considérer l’enfant comme un bien. On  retrouve régulièrement cette approche dans le débat sur l’adoption ou la revendication d’enfants par les couples homosexuels avec cette difficulté que la puissance publique ne peut pas garantir un droit à l’enfant.

Il est de fait que depuis la fin du XIX° siècle l’idée a émergé de restreindre les pouvoirs de correction des parents sur les enfants et d’une manière générale de combattre la violence exercée par les adultes sur les enfants. Le fait de s’attaquer à un enfant de moins de 15 ans est devenu une circonstance aggravante en 1892. Depuis tout un droit pénal protecteur des enfants, dans leur personne, mais aussi dans leurs intérêts moraux, a émergé. Il a quand même fallu attendre les années 80 pour qu’on prenne réellement conscience des violences physiques infligées aux enfants dans la famille, mais aussi dans les institutions; pour qu’on réalise que par-delà les violences physiques il y avait aussi des violences sexuelles et aujourd’hui on réalise l’importance des violences psychologiques.

Qui pourra contester cette prise de conscience ? On doit regretter qu’elle ait été aussi tardive comme on doit regretter qu’il ait fallu attendre 1995 – les juges - et 2005 - la loi - pour que le viol entre époux soit enfin condamnable ! La patrie autoproclamée des droits de l’homme a des retards à l’allumage s’agissant des femmes et des enfants. Dont acte. Mais pas question de régresser. Les parents ont le droit d’imposer leur autorité à leur enfant et même d’exercer un droit de correction mais ils ne doivent pas les mal-traiter. Se pose même, chacun le sait, la question de condamner les châtiments corporels pour répondre au Conseil de l’Europe qui a engagé une campagne en ce sens et suivre les 17 Etats qui y ont déjà répondu.

Mieux, dans la deuxième partie du XX° siècle notre législation a petit à petit reconnu le droit de l’enfant d’exercer personnellement certains de ses droits. Certes Napoléon a bien reconnu que l’enfant né avait des droits, mais ses parents et tuteurs étaient seuls habilités à les exercer. Il est tenu pour un incapable juridique. Comme la femme mariée ! On a fini par poser le principe qu’à la maison notamment, mais aussi à l’Aide sociale à l‘enfance, il fallait recueillir son avis sur toutes questions importantes le concernant. Donner son avis ne veut pas dire décider. C’est ainsi qu’avec de  fortes résistances a été admis en 2007 le droit de l’enfant à être entendu par son juge quand il en fait la demande … quitte à ce que le juge le fasse entendre par un spécialiste.  Ce qui est contraire à l’article 12 de la CIDE qui garantit le droit de l’enfant à s’exprimer.

L’enfant s’est vu reconnaître le droit d’agir seul dans certains cas. Ainsi il peut porter plainte au commissariat contre ceux qui par exemple  l’auraient violenté ou volé. Il a le droit de saisir un juge des enfants pour demander protection ; il peut même se choisir un avocat. Il  suffit qu’il soit doué de discernement et on estime en France qu’un enfant de 7-8 ans, parfois moins est doué du discernement. Il peut accéder à la contraception d'une manière libre, gratuite et anonyme (loi Neuwirth); la jeune file enceinte qui souhaite garder son enfant le peut mais elle peut aussi interrompre sa grossesse.

Plus largement, quoiqu’incapable de contracter l’enfant peut accomplir les actes usuels de la vie courante. Ainsi il peut faire des achats. Toutefois le vendeur devra tenir compte de son âge et de sa personnalité avant de lui vendre quelque chose. Sinon il s’expose à la résiliation de la vente et des poursuites pénales pour avoir abusé de la faiblesse de son jeune client.

Sait-on qu’un enfant peut interdire à ses parents d’accéder à son dossier médical ? Le médecin lui doit le respect du secret professionnel sauf s’il y a un diagnostic vital auquel cas l’assistance à personne en danger l’emporte sur la confidentialité.

La Convention internationale sur les droits de l’enfant de 1989 n’est pas à l’origine de l’affirmation des droits de l’enfant mais il faut reconnaître qu’elle a conforté la tendance et ouvert quelques nouvelles perspectives en passant de l’implicite à l’explicite. Ainsi elle reconnaît la liberté de pensée  de l’enfant et tout logiquement sa liberté religieuse. Il doit pouvoir pratiquer le culte de son choix. Le traité lui reconnait également la liberté d’expression individuelle et collective – la liberté d’association ou le droit de manifester – dès lors qu’il ne trouble pas l’ordre public et ne porte pas atteinte aux droits des autres. Comme tout un chacun !

Et puis soyons lucides : il demeure une marge de manœuvre pour améliorer le statut des enfants de France. Par exemple les garantir d’avoir un père et une mère au regard du droit quand trop d’enfants sont orphelins volontairement de père !

Bref, plus que jamais on peut dire que l’enfant à une capacité juridique réelle mais limitée. Il n’est pas qu’un être fragile qu’on protège contre lui-même et contre autrui. Il est sujet de droits et il n’est pas seulement objet ! L’enfant est une personne et comme toute personne il doit certes être respecté dans son corps, mais il se voit reconnaître les libertés fondamentales et peut être l’acteur de sa vie, et d’autant plus qu’il se rapproche de la majorité.

 

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A ces droits répondent des obligations sinon des devoirs et des responsabilités

« A tout âge, l’enfant, doit honneur et respect à ses parents » ; a fortiori l’enfant mineur.

Il a le devoir d’obéir à ses parents et à ceux qui en reçoivent délégation. J’ai déjà dit ici 1000 fois qu’il conviendrait que les beaux-parents se voient reconnaître par la loi le droit de se faire obéir des enfants qu’ils élèvent pour les actes de la vie courante.

Il doit demeurer au domicile familial et n’est autorisé à en sortir que par ses parents.

On l’a dit les parents ont un pouvoir de correction qui peut les conduire à la contrainte. Seuls les parents peuvent exercer des violences légères à son égard ; pas un professeur, pas le maire !

En tous cas l’enfant peut engager sa responsabilité pour les actes qu’il pose. Laissons la responsabilité morale pour nous concentrer sur la responsabilité juridique

L’enfant qui cause un préjudice est tenu de le réparer. Bien évidemment comme il est généralement en difficulté pour réparer personnellement, faute de moyens financiers, ses parents seront tenus solidairement avec lui et en vérité la victime se tournera vers eux. Ils ont alors intérêt à disposer d’une bonne assurance. Un enfant constitue en quelque sorte un risque pour ses parents ou l’institution qui l’héberge. Et ici, force est de constater que l’assurance parentale n’est toujours pas obligatoire.

Concrètement un enfant de 4 ans qui crève involontairement  l’œil de son camarade de jeu est tenu pour civilement responsable et ses parents sont tenus d’indemniser la victime du simple fait qu’ils sont ses parents ; sauf cas de force majeure ou partage de responsabilité avec la victime.

L’enfant peut aussi très tôt engager sa responsabilité pénale. Dès 7-8 ans, dès lors qu’on lui reconnait le discernement, il est tenu pour capable de commettre un délit. La loi interdit avant 13 ans qu’il soit condamné à une peine, mais on pourra lui infliger une mesure éducative comme le placement en institution jusqu’à sa majorité. Il aura un casier judiciaire. A 10 ans on pourra prononcer des mesures éducatives comme l’interdiction de fréquenter tel lieu ou telle personne, posséder tel bien ou l’obliger à faire telle chose (suivre une psychothérapie, aller à l’école etc.). Il ne peut pas être placé en garde à vue avant 10 ans, mais ses 10 ans acquis il sera en retenue pour une durée de 12 h renouvelable une fois.

 A 13 ans donc il encourt une peine de prison et 6000 peines de prison fermes et 15 000 peines de prison avec sursis simple ou sursis mise à l’épreuve sont prononcées chaque année. Aujourd’hui environ 800 personnes de moins de 18 ans sont en prison.

J’ai souvent mis en évidence ici qu’une tendance lourde est de tenir pour majeur pénalement des jeunes qui n’ont pas encore 18 ans. En 10 ans, le statut protecteur des 16-18 ans a quasiment été vidé de son contenu. On a même inventé pour eux un tribunal correctionnel pour mineurs ! (Voir mes billets)

Bien évidemment comme tout un chacun il encourt des sanctions disciplinaires sur son lieu de travail, en l’espèce, l’école pour les plus jeunes.

Des droits donc mais aussi des obligations comme celle de réparer ou de rendre des comptes, à la hauteur de sa capacité à comprendre.

Globalement notre droit est équilibré. Il prend en compte les étapes qui amènent l’enfant vers la maturité. Il ne faudrait pas remettre en cause ces équilibres qui se sont construits sur la durée.

Reste l’essentiel : informer les plus jeunes, mais d’abord les adultes, sur le statut fait aux enfants dans notre pays qu’ils ignorent généralement allégrement, chacun ayant tendance à faire sa propre loi.

Comment bien s'interroger sur soi ?

Nous avons tous nos angoisses, nos doutes existentiels qui nous poussent à nous remettre en cause régulièrement. Mais comment savoir si les noeuds que nous nous faisons au cerveau ont une sérieuse raison d’être ?

Déjà épuisés à peine deux mois après la rentrée. Nous sommes pourtant présents à l’appel, blottis tant bien que mal dans notre open space, dans nos maisons, sagement campés devant l’ordinateur ou le lave-vaisselle, mais pour y faire quoi au juste ? Et si nous nous étions trompés de place ? Et si nous nous étions trompés… de vie ? Ces interrogations qui nous assaillent à certaines périodes importantes sont-elles judicieuses ? Comment distinguer une véritable envie de changement d’un coup de blues momentané ? Les crises liées aux événements de la vie – bouleversement au travail, deuil, usures amoureuses… – et celles qui nous remettent en cause profondément ? « Certains patients viennent dire qu’ils prennent plaisir à “se faire des noeuds”, constate la psychanalyste Monique David-Ménard. En fait, ils s’enferment dans un doute perpétuel dont on ne sait s’il est pour eux un obstacle ou une jouissance en lui-même. » Et si cet homme avec qui je passe des nuits et des jours délicieux depuis plusieurs mois n’était pas « le bon » ? Et si je pouvais trouver mieux ? Le psychanalyste Marie-Jean Sauret est convaincu que « d’une façon plus générale, se remettre en question ne signifie pas sempiternellement douter de soi. Cette manière de penser inhibe : quand vous passez votre temps à ruminer, vous ne faites pas grand-chose ».

Une réaction viscérale

Que serait alors « se remettre en question » ? Ce n’est pas la répétition d’incessants questionnements, ni un examen de conscience qui consisterait à regarder nos « péchés », ni une autoévaluation intérieure mesurant nos performances par rapport aux autres, à ce que nous pensons devoir être la norme : avoir des enfants, être mince, épanoui dans son travail, dans son couple, etc. La vraie, l’authentique remise en question est celle qui ne surgit pas après une mûre réflexion ou une décision volontaire, mais celle qui nous tombe dessus sans être attendue. « Tout à coup, ce qui nous faisait souffrir, mais dont nous nous accommodions, devient insupportable, décrit Monique David- Ménard. Il s’agit de quelque chose de profondément viscéral. Pour se détacher de sa prison, l’intellect et la volonté ne servent à rien. »

Jusqu’à l’année dernière, Aurélie, 40 ans n’avait pas vraiment l’habitude de s’interroger sur elle-même : « Pas le temps. Entre mes trois enfants, mon mari et le travail, ma vie était suffisamment chargée pour que ce genre de préoccupation ne m’effleure pas une seconde. Et puis, un matin, mon supérieur m’a annoncé une formidable opportunité : gérer en direct la communication personnelle de notre P-DG. J’ai eu l’impression physique de suffoquer. Ça, ce n’était pas possible. Je ne pouvais pas faire la promotion d’un patron pour lequel je n’avais aucune estime personnelle. J’avais pris l’habitude d’avaler des couleuvres depuis des années pour préserver ma tranquillité, mais, là, un cap avait été franchi. J’ai vacillé et me suis sérieusement posé la question du sens de ma vie. » Elle s’en est d’abord prise à son environnement : « C’était la faute de ma boîte, de ses petits chefs mesquins, peureux et incompétents, de ses salariés soumis, de cette ambiance veule. » Puis est venu le temps de l’autoflagellation : « Je faisais partie du troupeau des esclaves volontaires. Je n’étais qu’un poisson rouge qui, de son aquarium, regardait passer les requins sans jamais ouvrir la bouche. Je ne récoltais que ce que j’avais mérité. »

L’onde de choc a toujours des répercussions similaires : nous commençons par essayer de trouver des responsables, soit les autres, soit nous-même. De fait, « nous abritons souvent en nous un bourreau permanent », remarque la philosophe et psychanalyste Anne Dufourmantelle. Nous nous incriminons, nous nous condamnons, empêtrés dans des conflits de loyauté, dans des rôles que nous avons endossés pour faire plaisir à nos proches, ou dans ceux que nous pensions qu’ils souhaitaient nous voir jouer.

Une forte pulsion de vie

Face à la montagne d’angoisse générée par nos envies de changement, nous préférons parfois renoncer, nous imaginer que la mission est impossible. « Certains se disent : “Tu vois bien, tu n’as pas les moyens de tes espérances, pas les moyens de faire bouger les choses”, poursuit Anne Dufourmantelle. Car le pivot de la remise en question, c’est le “désentravement”. Cela demande beaucoup de force et de courage que de répondre à cette interrogation fondamentale : comment cesser de coïncider avec ce que nous avons cru être nous-même pour rejoindre une part inconnue de notre être qui nous attend ? Une bonne remise en question s’appuie en fait sur une forte pulsion de vie. »

Il s’agit en effet de s’expliquer sur ce que nous sommes et d’en « tirer les conséquences », confirme Marie-Jean Sauret. Cela n’implique pas forcément des ruptures professionnelles, amoureuses, des claquements de porte assourdissants, des virages à cent quatrevingts degrés. Pour les psychanalystes que leurs patients viennent souvent solliciter dans des périodes de souffrances intolérables, tout bouleversement, toute modification doit être « tenable dans la durée », affirme Monique David-Ménard. Cela peut passer par de profonds changements de cap comme par des « ajustements progressifs, sensibles dans les rapports que nous entretenons avec nousmême et avec les autres, souligne Marie-Jean Sauret. À chacun son style. À chacun sa manière de faire avec la difficulté que nous avons tous à nous loger dans le monde ».

Après avoir constaté qu’elle était en train de s’asphyxier, Aurélie a, elle, opté pour une stratégie progressive : « Quand je me suis aperçue que j’étais en train de passer à côté de ma vie, j’ai eu un sursaut vital mais pas radical : j’ai décidé de préparer mon départ, de suivre une formation pour devenir institutrice. J’en avais toujours rêvé, même si mes parents, ma famille me regardaient d’un air gentiment méprisant quand j’évoquais cette hypothèse à l’adolescence. Aujourd’hui, je révise mes examens en douce, au travail. J’ai un tiroir dans lequel je planque mes polycopiés et je bosse tous les jours à l’heure du déjeuner. C’est bizarre, c’est comme si, pendant des années, j’avais été en retard sur moi-même et que, soudainement, tout devenait facile et cohérent. »

Les décisions prises suite à un questionnement bienveillant sur soi permettent d’en finir avec ce que Monique David-Ménard définit comme un « mode catastrophique d’aborder les joies et les souffrances de l’existence ». Et, quand nous parvenons à regarder en face les idées reçues sur nous-même, puis à les abandonner, « nous rejoignons cette partie essentielle de notre être que nous avions cadenassée », promet Anne Dufourmantelle. Nous nous sentons plus libres : tout à coup, l’horizon s’élargit, s’éclaircit.

 

Peut-on tout pardonner

 
Il y a des coups qui font si mal, qu'on en reste profondément blessé. Pas facile d'oublier, mais surtout de pardonner. Une démarche souvent longue qui permet pourtant de retrouver la tranquillité intérieure et d'aller de l'avant.
 
Qui n'a été victime d'une insulte, d'une trahison, d'un mensonge, d'une injustice, d'une humiliation ou d'une agression ? Quelle que soit la gravité des actes qui nous ont touché, la blessure est bien là, souvent très douloureuse. Et tout aussi forte l'envie de se venger, de rendre le mal, de blesser à notre tour celui qui nous a blessé ou même ceux qui ne nous ont rien fait. Après une rupture douloureuse, une fille vit une nouvelle relation. Mais elle ne peut s'empêcher d'agresser son nouvel amoureux. "J'ai l'impression qu'elle me fait payer ce que son ex lui a fait subir", raconte celui-ci. Parfois on ne pense pas à se "venger" réellement, mais on garde un gros ressentiment, une "dent", une agressivité rentrée contre celui ou ceux qui nous ont fait mal. 

Cette envie de vengeance, terriblement humaine, est le premier obstacle à écarter sur le chemin de la guérison. En effet, sans se placer sur le plan moral (est-ce bien ou mal ?), d'un simple point de vue psychologique, l'esprit de vengeance a des effets dévastateurs : 
- cela nous maintient dans le passé et nous empêche d'investir nos énergies dans le présent ou dans la construction de l'avenir ; 
- l'esprit de représailles avive la blessure en la rappelant sans arrêt ; 
- attaquer par vengeance, c'est un peu imiter malgré soi l'agresseur, se laisser contaminer par un venin. On en sort encore plus blessé, et un peu moins soi-même ; 
- utiliser la souffrance de l'autre pour soulager sa propre humiliation entraîne un sentiment de culpabilité. Il peut aussi y avoir la crainte d'une contre-attaque, d'où un état d'anxiété constant ; 
- enfin la vengeance entretient l'hostilité, le ressentiment et la colère, des sentiments qui génèrent du stress et peuvent même aller jusqu'à provoquer chez certains des troubles physiques (migraines, maux de ventre, douleurs, etc.). Si le ressentiment et la vengeance n'apportent pas vraiment d'apaisement, que faire ? Pardonner ? Oui mais par n'importe comment...
 

Pardonner, ce n'est pas nier ou oublier

Peut-on tout pardonner ?
On a souvent de fausses idées du pardon. "Allez, c'est bon, c'est oublié"... "Je préfère ne plus en parler"...Pardonner, ce n'est pas oublier. D'ailleurs, il est quasiment impossible d'oublier un événement qui a provoqué en vous beaucoup d'émotion : de la peur, de la colère, de l'humiliation. 
Ce n'est pas non plus nier la blessure ou l'attaque dont nous avons été l'objet. "Ce n'est pas grave, je ne t'en veux pas"... Parfois on souffre tellement d'avoir été trompé ou humilié par une personne très proche, qu'on préfère minimiser les choses ou lui chercher des excuses. "Elle m'a trompé, mais pour moi, ce n'est pas grave". "... Ces attitudes ressemblent à des pardons, mais ce ne sont pas des pardons. Juste des masques, des cache-misère, des refus de voir la vérité en face. Elles ne peuvent pas apporter d'apaisement profond. 

Pardonner n'est pas non plus renoncer à ses droits. Si vous êtes victime d'agression, d'injustice, il est légitime et important de porter plainte. Ne pas le faire, c'est nier le mal qui vous a été fait, et c'est un peu vous nier vous-même. La justice est un premier pas, nécessaire pour sortir du trouble et commencer à guérir sa blessure. Cela n'a rien à voir avec une vengeance personnelle. Il est inutile également de vouloir pardonner à quelqu'un qui continuerait de vous attaquer. Il faut d'abord faire cesser cette situation ou ces actes : vous ne pouvez pas pardonner à votre chef ses paroles humiliantes si cela se se reproduit chaque jour. Essayez d'abord de vous soustraire à ses sarcasmes : changez de service, de travail, intentez un recours, si vous le pouvez allez lui parler pour qu'il cesse ses réflexions.
 

Exprimer sa souffrance, parler de sa douleur à quelqu'un

Peut-on tout pardonner ?
Non seulement il ne sert à rien de nier sa souffrance, mais il est important d'y repenser. Les psychologues conseillent de laisser remonter les émotions que l'on a ressenties et de ne pas avoir peur de les analyser. Dur, dur... Alexis a été victime d'un copain qui lui avait proposé de placer son argent mais s'est envolé avec toutes ses économies comme un vulgaire escroc. En y repensant, il a l'estomac complètement noué. Il ressent de la colère, de l'amertume et de l'abattement. Il en veut à son prétendu ami de l'avoir trompé bien sûr, mais se rend compte peu à peu qu'il est aussi en colère contre lui-même. Il s'en veut de s'être laissé avoir et ressent même un peu de honte... 

L'idéal pour exprimer toute cette souffrance est de ne pas rester seul mais de trouver une oreille attentive pour être écouté. Un confident, un ami, une personne de confiance, discrète, qui ne va pas vous accabler de conseils ou chercher à tout prix à vous consoler. Parler de sa blessure permet de se sentir moins seul pour la porter. Cela permet aussi de revivre l'événement blessant avec plus de calme, en se sentant sécurisé. Si vous avez été victime de violences, vous pouvez recourir à un professionnel : services d'écoute téléphonique spécialisés, lieux d'accueil psychologique, etc. 
En exprimant vos émotions, vous les apaisez peu à peu, et vous identifiez mieux les points douloureux : Alexis se rend compte qu'il souffre autant de l'humiliation de s'être fait avoir que de la perte de son argent. Ce n'est pas s'enfermer dans sa souffrance ou se regarder le nombril, mais découvrir et accepter ses propres fragilités. A ce stade, il faut s'accepter, vulnérable : oui, je suis susceptible sur la question du travail car j'ai très peur de l'échec. Il n'y a plus alors qu'à être indulgent avec soi-même, et parfois à se pardonner. Cela permet de retrouver son estime de soi : j'ai un point sensible, mais je ne suis pas nul ! On m'a humilié sur un point de mon physique, mais cela ne m'empêche pas de plaire et d'être aimé, etc. 

Finalement, le fait d'accepter la souffrance que l'on nous a infligée permet de la soigner et de la transformer à son avantage. "Il en est du mal que l'on t'a fait comme d'un hameçon dans le doigt : tu ne peux pas l'enlever en l'arrachant, mais tu dois l'arracher davantage dans la chair pour en dégager la pointe de manière à l'extirper", indique un psychologue dans un livre sur le pardon.
 

Comprendre celui ou celle qui nous a fait mal

Le pardon est un cheminement assez long, qui peut prendre du temps comme une blessure qui doit cicatriser. Il y a plusieurs étapes sur ce chemin, que l'on ne peut pas sauter. Après l'acceptation de sa souffrance, souvent, on peut commencer à penser à l'agresseur pour essayer de mieux comprendre son geste. 

C'est une étape incontournable mais là encore, il ne faut pas se tromper : il ne s'agit pas de lui trouver des excuses, mais de porter un regard plus réaliste sur les raisons de son geste. Dans les premiers temps après le coup subi, bien sûr, on est aveuglé par la colère et la douleur. On est si blessé, qu'on ne peut que le haïr, le diaboliser. Mais avec le temps, peu à peu, la colère peut laisser la place à ce besoin de le comprendre. Pourquoi a-t-elle agi ainsi ? Pourquoi a-t-il eu ce geste ? Quelle était son intention ? Qu'est-ce qui peut expliquer sa violence ? La raison reprend alors sa place à côté des émotions. L'agresseur est vu comme un être humain avec ses fragilités et ses faiblesses, sa dignité aussi même si son geste reste très grave. Bien sûr, si celui-ci peut reconnaître sa faute et demander lui-même pardon, il sera plus facile de pardonner, mais ce n'est pas toujours possible.
 

Mama Galledou, 27 ans, brûlée vive dans un bus : peut-elle pardonner ?

Peut-on tout pardonner ?
L'attitude de Mama Galledou, cette Sénégalaise de 27 ans brûlée grièvement en octobre 2006 dans un autobus que des jeunes avaient incendié volontairement, est exemplaire. Quand le procès s'ouvre en décembre 2007, Mama ne sait pas si elle aura la force de venir. Aucun des jeunes accusés n'a avoué son geste. Finalement, elle accepte de témoigner en visio-conférence. Elle raconte le terrible attentat, les flammes, la douleur, la convalescence, son corps brûlé à 62%. "Je suis condamnée à vivre dans ce corps que je ne reconnais pas"l. Touchante de dignité, elle ne demande pas vengeance, mais veut comprendre pourquoi les six jeunes ont fait cela. "Que la vérité soit faite : c'est cela que nous attendons du procès. 

Nous faisons confiance à la justice", souligne son père. Mama interpelle directement les six adolescents. Pourquoi n'ont-ils pas attendu que les passagers aient quitté le bus avant d'y mettre le feu, pourquoi ne l'ont-ils pas secourue ? Au début, les jeunes restent murés dans le silence. Puis celui qui a mis le feu fini par craquer et par avouer son geste. Il demande pardon. C'est le soulagement, le tournant du procès. Mama Galledou et sa famille ont eu ce qu'ils voulaient. Les jeunes sont condamnés à des peines allant de 3 à 9 ans de prison, moins longues que ce que l'accusation avait requis. "Maintenant, c'est fini dans ma tête", dit Mama Galledou, qui ne demande pas de nouveau procès.
 

Trouver un sens à ce qu'on a subi

Peut-on tout pardonner ?
Pour avancer encore sur ce chemin de guérison et de pardon, un jour, il est bon de se demander ce que l'on a retiré de positif de son épreuve. "J'ai appris à dire non quand ça ne correspond pas à mes valeurs", "J'ai plus d'attention ou de compréhension pour les autres", "J'ai cessé de chercher à me faire valoir", "Je me connais mieux", etc, etc. Toute expérience, même douloureuse , peut porter du fruit et trouver un sens. Au départ, notre vie peut sembler détruite, comme un puzzle démantelé par ce qu'on a subi, mais peu à peu une nouvelle vision de la vie se reforme, les pièces du puzzle forme un nouveau dessin. "Il y a beaucoup de choses qu'à présent je trouve futiles. D'autres, au contraire, qui me semblent extrêmement importantes", a dit Mama Galledou après son procès. 
Voilà pourquoi il est particulièrement important de faire ce chemin de pardon pour les grandes épreuves. Nous ne pourrons peut-être pas tout pardonner, mais plus nous sommes détruits et atteints, plus il est important de faire un chemin de pardon pour pouvoir nous reconstruire.
 

Faut-il se réconcilier ?

Un jour enfin, on se sent plus léger, libéré de son ressentiment, de ses envies de vengeance, de son statut de victime. A-t-on oublié son agresseur ? Non, ni ce que l'on a subi, mais on n'est plus obnubilé par le passé. On peut alors décider librement de pardonner, sans se faire violence : il n'y a plus qu'à accueillir ce mouvement du pardon comme un fruit mûr qui tombe d'un arbre. 

Cela veut-il dire que l'on doit se réconcilier avec celui qui nous a fait mal ? Pas forcément. On peut se réconcilier, mais si l'on reprend une relation interrompue, les choses ne peuvent être exactement "comme avant" : c'est à nous de tirer parti de ce que nous avons découvert. On peut aussi décider de ne pas poursuivre la relation ou ne plus avoir l'occasion de revoir notre agresseur. 
Tout ceci n'empêche pas d'accorder intérieurement son pardon. C'est ce qu'a pu faire une fille devant le lit de mort de son père qui était inconscient. En lui disant intérieurement qu'elle lui avait pardonné, elle s'est sentie apaisée. Une chose est sûre : le pardon brise des chaînes bien pesantes et donne une nouvelle liberté pour aller de l'avant

 

Un enfant dressé pour hair continue de souffrir et demande des comptes.

Une fille devenue mère témoigne sur la manipulation qu’elle a subie l’amenant à rejeter son père : l’Aliénation Parentale

 

Le témoignage d’une mère victime de la perversion de son propre parent quand elle était enfant.

Qu’il s’agisse d’un père ou d’une mère, excluant puis manipulant l’enfant et dénigrant l’image de l’autre parent, le résultat est le même : un coeur brisé et l’enfant devenu adulte qui continue d’en porter les stigmates… Il est né en aimant spontanément ses parents. Qu’arrive-t-il quand on lui apprend à ne plus aimer, voire à haïr…

 

« J’ai 30 ans, je suis une femme mariée, maman de 2 enfants.

Je suis une de ces enfants aliénée.

J’ai 1 an et demi quand mes parents divorcent. Mon père avait rencontré une autre femme. Toute ma jeunesse, j’ai entendu inlassablement ma mère me répéter que mon père était lâche, qu’ils nous avaient abandonnés, qu’ils ne payaient pas de pensions alimentaires, j’en passe. Chaque fois que je faisais quelques chose de mal, j’étais mon père, ma beauté c’était sa mère à elle…

J’ai été chez lui petite, je lui faisais les pires crasses (bruler ces vêtements, a lui et sa femme, volé ces affaires, abimer en cachette pour lui laisser la découverte..) avec mes grands frères et sœurs. Quand nous rentions, nous disions a ma mère ce que l’on avait fait, elle était heureuse, nous aussi, nous l’avions vengé.

Et puis je ne sais pourquoi, je n’ai plus vu mon père, lui a cherché à me joindre mais je l’ai rejeté. Mon papa est décédé depuis, et je me rends compte depuis quelques années qu’il était gentil et surtout qu’il nous aimait. Mon premier travail était de lui pardonner, car oui je lui en voulais!!?

Et seulement maintenant j’en veux a mort a ma mère de ce qu’elle ma fait, elle m’a volé mon père. Je ne souhaite plus la voir, elle ne s’en doute pas encore.

Ma mère m’a retiré toute empathie, je me dis seulement en lisant les témoignages que cela a du être dur pour mon père que je n’ai jamais appelé « papa » de son vivant! En fait je me retrouve comme une c… un pantin orphelin, désordonné, plein de troubles que j’essaie de soigner sans succès!

Je n’aime plus ma mère, je me rends compte de son pot aux roses, avant elle était tout pour moi, mère courage et exemplaire, et en fait je me rends compte que la haine et la vengeance sont passés avant moi…

Je souhaite bon courage a tous ces pères et leurs familles, un conseil, n’abandonnez pas, ce qui m’a permis de me dire qu’il y avait un soucis c’est que l’on ma rapporté que mon père venait m’observer très souvent en sortie d’école, donc il m’aimait, donc il y avait eu un bug dans l’histoire.. C’est long mais ne lâchez rien.

Aux professionnels, j’espère qu’ils ne seront plus dupes, personne n’a décelé qu’il y avait un problème de mon coté. Commencer à reconnaitre qu’il y a un problème c’est déjà avance.

Aux mères qui font cela, vous n’êtes pas des mères.

Aux autres enfants comme moi, bon courage, nous seront de plus en plus nombreux….» (Anonyme)

 

La valeur de la mauvaise foi

 viens d’une époque et d’un milieu où la parole donnée représentait une valeur quasi sacrée. Mentir pour soi était à peine accepté, mentir pour quelqu’un, juste toléré, mais mentir contre quelqu’un aurait été impardonnable, surtout pour le menteur, qui se serait senti déshonoré.

Je ne suis pas naïf au point de croire que la mauvaise foi n’existait pas autour de moi ou que c’est une invention récente, mais il me semble qu’elle n’était pas, comme aujourd’hui, une valeur en plein essor. La transgression, l’art de la manipulation, le chacun pour soi et surtout contre l’autre sont devenus des valeurs dominantes, recherchées, appréciées.

 

Jacques Salomé

Jacques Salomé est psychosociologue. 
Il est notamment l'auteur de  Le courage d'être soi (Pocket) et de Vivre avec les autres (Ed. de l'Homme)

A l’école, pratiquer la mauvaise foi, la tricherie, la magouille, c’est être perçu comme quelqu’un de sérieux, « pas un bouffon qui se fait baiser à tous les coups ».

Dans le monde des adultes, il est parfois difficile de faire témoigner positivement dans un procès les amis ou les connaissances proches, qui ne veulent pas trop se mouiller. En revanche, les pseudo-amis viendront affirmer avoir vu, entendu tout ce qui va dans le sens de celui qui a besoin de leurs témoignages. Dans les jugements de divorce, par exemple, il est devenu fréquent pour celui, pour celle qui veut avoir raison sur l’autre, le déstabiliser, lui enlever la garde d’un enfant, voire le détruire comme père ou mère, de faire appel à des témoignages mensongers ou violents par leurs outrances. Il suffira de prétendre avoir été menacé, battu ou d’avoir vu être violent celui que l’on veut disqualifier pour démontrer sa non-fiabilité et le déclarer incapable de prendre soin de ses enfants. Il y a chez certains ex-conjoints un acharnement proche de l’obsession, qui se traduit par un harcèlement juridique qui oblige l’accusé, acculé à se défendre, de faire la preuve, avec sa seule sincérité, de ce qu’il est.

Un des paradoxes de notre société, c’est que l’on trouve aujourd’hui plus de personnes pour témoigner contre quelqu’un que pour soutenir cette même personne. Tout se passe comme si dans le vocabulaire même il existait plus de mots et d’arguments pour être contre que pour être pour. Dire de quelqu’un qu’il est un brave type, sérieux, honnête, fiable ne pèse rien face à l’accusation d’être « violent, de mauvaise foi, d’une brutalité insupportable, agressif ou pervers ! »

 

Si j’ajoute la diffamation, la circulation de rumeurs…, nous voyons que la vie sociale est une jungle habitée de beaucoup de dangers. La mauvaise foi fait vivre tout un monde de greffiers, de juges, d’avocats, d’huissiers. Elle encombre le monde judiciaire d’une pesanteur préjudiciable aux affaires de justice ! En politique, ce qui compte, pour se faire élire, n’est pas tant la respectabilité ou l’honnêteté du candidat qui convoite nos suffrages, c’est d’être convaincant surtout dans ses mensonges, de paraître sincère dans la tromperie, de savoir vendre des promesses auxquelles plus personne ne croit.

La mauvaise foi semble avoir de beaux jours devant elle, elle est devenue une façon d’être, un moyen pour certains de survivre, de tenir la tête hors de l’eau, et pour d’autres, de dévitaliser la vie et de maintenir la tête des autres dans… l’eau.