Archives 2015

Souffrances invisibles..rendre l'invisible visible

 

Face aux PN, ce que dit la loi

Voilà bientôt trois ans que la loi "relative aux violences faites spécifiquement aux femmes, aux violences au sein des couples et aux incidences de ces dernières sur les enfants" a été adoptée. Ce texte a créé le délit de harcèlement moral au sein du couple, mais l'immense majorité des pervers narcissiques qui exercent des violences morales contre leur conjoint continuent à échapper à la justice.

(En savoir plus sur http://www.lexpress.fr/actualite/societe/vers-une-nouvelle-definition-du-harcelement-au-sein-du-couple_1261946.html#Djxdsl1Y2TC2yzRJ.99)

 

CC Flickr Léa Bouillet

Jusque-là strictement limitée à la sphère professionnelle, la notion de harcèlement moral s'entend aussi, depuis 2010, au sein des relations de couple, envers les hommes autant qu'envers les femmes. La loi du 9 juillet 2010, relative aux violences faites aux femmes, aux violences au sein des couples et aux incidences de ces dernières sur les enfants, condamne par l'article 222-33-2-1 « le fait de harceler son conjoint, son partenaire lié par un pacte civil de solidarité ou son concubin par des agissements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation de ses conditions de vie se traduisant par une altération de sa santé physique ou mentale ». 

Ici aussi, comme dans le cadre du harcèlement moral au travail, il est nécessaire de pouvoir prouver les faits et leurs conséquences, via des attestations de proches, des certificats de spécialistes, des témoignages concordants... 

L'élargissement de la loi au harcèlement moral conjugal vient renforcer la sécurité psychologique dans le couple puisqu'auparavant, seules les violences physiques étaient punissables. 

Par ailleurs, ces dispositions concernent aussi les anciens conjoints ou anciens concubins de la victime, ainsi que d'anciens partenaires liés à cette dernière par un pacte civil de solidarité. 

Ce délit est désormais passible de trois ans d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende, ou cinq ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende, en fonction de la gravité des dommages subis. 


Source : http://www.justice.gouv.fr/justice-penale-11330/le-delit-de-harcelement-moral-23635.html

 

Qu'est-ce que la violence psychologique ? 
Abus de pouvoir et de contrôle qui s’expriment le plus généralement dans les comportements suivants, reconnus comme forme de violences psychologiques : 
-          Rejet de la personne : ignorer sa présence ou sa valeur, lui faire comprendre qu’elle est inutile et inférieure, dévaloriser ses idées et ses sentiments 
-          Isolement : réduire les contacts, restreindre sa liberté de mouvement 
-          Dévalorisation : insulter, ridiculiser, parodier, infantiliser, se comporter d’une manière qui porte atteinte à son identité, à sa dignité ou à sa confiance en soi 
-          Terroriser la personne : lui inspirer un sentiment de terreur ou de peur extrême, la contraindre par l’intimidation, la placer en milieu inapproprié ou dangereux ou bien menacer de l’y placer 
-          Menaces d’abandon, de violences graves, de mort… 
  
Qu'est-ce que le harcèlement moral ? 
Le harcèlement moral se définit comme toute conduite abusive (geste, parole, comportement, attitude…) qui porte atteinte, par sa répétition ou sa systématisation, à la dignité ou à l’intégrité psychique ou physique d’une personne. 
Subir ces violences peut avoir de graves conséquences sur les victimes (enfants, adultes, personnes âgées) elles ont alors besoin 
·         D’être entendues 
·         D’être accompagnées 
·         D’agir 
  
Dans le milieu familial : 
On peut détruire quelqu’un juste avec des mots, des regards, des sous-entendus : cela se nomme violence perverse ou harcèlement moral.  Marie-France HIRIGOYEN, psychiatre, psychanalyste et psychothérapeute familial, «Le harcèlement moral », ed. Syros 
La loi du 9 juillet 2010 est venu créer, à l'instar du délit de harcèlement moral en entreprise, un délit de harcèlement moral au sein du couple défini dans le nouvel article 222_33_2_1 du code pénal. 
Au plan civil, la loi du 9 juillet 2010 instaure un dispositif tout à fait novateur : "l'ordonnance de protection" qui peut être délivrée par le juge aux affaires familiales lorsque le Juge estime qu'il existe des raisons sérieuses de considérer comme vraisemblables la commission de faits de "violences exercées au sein du couple ou au sein de la famille, par conjoint ou un ancien conjoint, un partenaire ou un ancien partenaire lié par un pacte civil de solidarité ou un concubin ou un ancien concubin mettant en danger la personne qui en est victime, un ou plusieurs enfants". 

 

 

Se dire au revoir. (David Servan-Schreiber)

Séparé de sa mère, le bébé singe se blottit dans un coin de sa cage. Il semble implorer les chercheurs qui l’observent et dont le cœur se serre devant cette image de tristesse. Comme lui, nous, les mammifères sociaux, sommes extraordinairement sensibles à la séparation d’avec ceux que nous aimons. Celle-ci peut même être plus douloureuse que la douleur physique.

Pourtant, les séparations sont inévitables. Les grandes, comme la mort ou le divorce, ou les moins grandes, comme quitter un travail, des amis, ses enfants pour les vacances. Hélas, on nous a peu appris à dire au revoir. Face à leur maladresse toute naturelle, certains se drapent dans une fausse pudeur : « Je n’aime pas les adieux, je ne viendrai donc pas à la gare. » D’autres se parent de brusquerie qu’ils veulent bonhomme : « Bon, on ne va pas faire de sensiblerie, alors au revoir, hein ? »

D’autres encore – au fond, les plus courageux – fondent en larmes sans trop savoir qu’en faire. Dans “Le Petit Prince”, le renard trouve un nouveau sens à la couleur des champs de blé lorsqu’il se rend compte de leur ressemblance avec les boucles blondes de l’enfant devenu son ami. Saint-Exupéry raconte ensuite leur séparation :
« Ainsi le petit prince apprivoisa le renard. Et quand l’heure du départ fut proche :
— Ah ! dit le renard… Je pleurerai.
— C’est ta faute, dit le petit prince, je ne te souhaitais point de mal, mais tu as voulu que je t’apprivoise…
— Bien sûr, dit le renard.
— Mais tu vas pleurer ! dit le petit prince.
— Bien sûr, dit le renard.
— Alors tu n’y gagnes rien !
— J’y gagne, dit le renard, à cause de la couleur du blé. »

En effet, ce qui serait le plus triste quand on quitte un être qui nous est cher serait justement de ne pas être triste ! Cela voudrait dire que l’on n’a rien vécu d’important ensemble. C’est pourquoi, comme le montre le renard, il y a une formidable manière de dire au revoir. Il suffit de parler de sa tristesse, et de ce que l’on garde avec soi de l’autre. Une façon simple de s’assurer que le lien est plus fort que l’espace et le temps.

Lorsqu’elle dit au revoir à son petit garçon avant de le confier à son père pour un mois, Tamara lui rappelle que leur amour continuera à les animer intérieurement :
« Tu sais, nous serons un peu tristes de ne pas être ensemble. Alors quand je te manquerai, tu n’auras qu’à penser à ce que je dirais si j’étais là pour te consoler.
— Tu dirais “je t’aime”.
— Oui ! Tu vois, je serai avec toi tout le temps dans ta tête, et tu le seras dans la mienne. »

A sa façon, Tamara a redécouvert une technique de Milton Erickson, l’inventeur de l’hypnose moderne. A un patient un peu inquiet à l’idée de reprendre seul l’aventure de sa vie, Erickson rappelait : « Souvenez-vous, ma voix vous accompagnera toujours… »

Tous les parents sont-ils coupables? (vilaine Gelly)

Nous leur en voulons souvent de ne pas nous avoir aimés comme nous le souhaitions. Pourtant, grandir c’est aussi faire le deuil de nos déceptions et de nos illusions. Pour réussir à dépasser enfin le fantasme des parents parfaits.

C‘est une anecdote galvaudée, mais on ne s’en lasse pas : à l’une de ses patientes qui lui demandait comment être une bonne mère, Freud aurait répondu : « Quoi que vous fassiez, vous ferez mal. » En un sens, le père de la psychanalyse avait raison : il n’est pas un parent qui échappe aux reproches de son enfant.

De « Maman ne m’a pas assez pris dans ses bras » à « Je n’attache pas mes cheveux parce que mon père se moquait toujours de mes oreilles décollées », on y revient toujours.

De la souffrance avant tout ?

A “Psychologies magazine”, quand l’un ou l’une d’entre nous se laisse aller à dire du mal de ses géniteurs (légère déformation professionnelle…), on appelle ça le "syndrome Thénardier", en référence à l’affreux aubergiste qui maltraite la petite Cosette dans “Les Misérables” (Folio, 1999). D’ailleurs, la littérature est pleine de ces doléances lancinantes, vouant les parents aux gémonies. Et les divans des psys débordent de "trentenaires-et-plus" qui, n’ayant pas rompu le lien fusionnel avec leurs parents, le manifestent par des reproches sans fin. La preuve a contrario : au cours d’une soirée, lâchez négligemment : « Moi, j’ai des parents formidables », et vous verrez les regards se tourner vers vous, remplis de commisération : vous êtes forcément dans le "déni".

Car les psys s’accordent à dire que la carence comme le trop-plein d’amour peuvent être source de souffrance : que nos parents nous aient surinvestis ou qu’ils nous aient malmenés, nous en portons les cicatrices, intimes et profondes. Ces empreintes inscrivent en nous le ressentiment, la colère, la rancœur et parfois la haine. Et nous ne parlons pas ici des sévices, de la maltraitance ou de la violence. Mais d’une claque tombée au mauvais moment, de la répétition de paroles vexantes, de la position de chouchou dans la fratrie… Tous ces souvenirs rabâchés ne cessent de nous blesser, au risque de nous gâcher la vie.

Que reproche-t-on à nos parents ? Tout et n’importe quoi. Des violences parfois, mais également des broutilles. Alors pourquoi cette souffrance ? Pourquoi ce besoin de ressasser ? Certes, les thérapies et la psy mal comprises peuvent nous entretenir dans ce phénomène. Mais l’honnêteté pousse également à dire que, parfois, leur en vouloir nous arrange. « Beaucoup de personnes souffrent de leurs parents, explique la psychanalyste et pédopsychiatre Caroline Eliacheff. Se placer en position de victime procure une sorte de jouissance, la souffrance subie devient alors la seule raison d’être du sujet, qui finit par s’y complaire. »

Et tant que c’est la faute de papa-maman, on ne se sent pas responsable de son incapacité à garder un travail ou un compagnon. Ni assez lucide pour comprendre que l’on ne tombe jamais amoureux de la bonne personne parce que l’on choisit toujours celui ou celle qui va surtout plaire à maman ou déplaire à papa. Et on reste prisonnier de liens infantiles aliénants que l’on alimente à force de reproches.

 

Grandir, c’est faire avec

Pour le sociologue Robert Ebguy, auteur de La France en culottes courtes (J C Lattès, 2002), « la mode des thérapies ou des techniques de développement personnel qui prônent le “lâcher-prise” légitime le désengagement et la régression narcissique. Et l’une des tentations de ce désengagement est de jouer la carte de la victimisation : “Ce n’est pas de ma faute.” Sous-entendu, c’est celle de papa-maman. D’autant que, à trop vouloir combler leurs enfants rois, les parents ont parfois oublié de leur apprendre que la vie n’était qu’une succession de frustrations. A commencer par l’Œdipe qui empêche le petit garçon d’épouser sa maman ! »

Accepter ses parents, c’est faire le deuil d’un parent idéal, au même titre que les parents doivent, inévitablement, faire le deuil de l’enfant idéal. Accepter que papa et maman ne soient pas parfaits, c’est prendre sa place dans une lignée, dans une généalogie pleine de failles, où des générations de parents ont fait ce qu’ils pouvaient, comme ils pouvaient, avec leurs propres souffrances et leurs propres ressentiments. Grandir, « c’est faire avec ce qu’ils sont », nous dit Maryse Vaillant. L’acceptation des failles parentales est une des voies ordinaires de la maturité, celle qui permet de sortir du cocon de la dépendance première. Mais rompre ces liens-là, grandir tout simplement, est douloureux. Rester dans l’enfance affective, c’est rester dépendant du regard des parents sur nos vies. Même à six cents kilomètres de distance puisqu’il suffit qu’au téléphone votre mère critique le prénom que vous voulez donner à votre bébé pour que vous fondiez en larmes.

Une fois compris, avec Françoise Dolto, que « ce n’est pas de leur faute, c’est de leur fait », on peut laisser tomber la rancœur. Tous ceux qui parlent du « métier de parents » oublient de préciser que l’on cherche désespérément l’école où il est enseigné. On n’apprend pas à devenir parent. On le devient grâce ou en dépit des relations que l’on a soi-même entretenues avec ses propres géniteurs. Et c’est en mesurant cette chaîne généalogique et en y tenant sa place, le jour venu, avec ses propres enfants et les reproches qu’ils nous feront, que l’on prend le chemin de l’acceptation. Après tout, conclut Caroline Eliacheff, « accepter les reproches de ses enfants, c’est se réjouir de leur avoir donné leur propre jugement et la liberté de l’affirmer ». Et c’est déjà beaucoup.

Le reproche

« Il y a quelques années, j’ai vécu des moments difficiles, notamment parce que j’étais incapable de construire une histoire d’amour sérieuse, avoue Agnès, 40 ans, architecte. Au cours d’un stage de développement personnel, j’ai beaucoup parlé de mon père, de son manque de tendresse, de sa lâcheté et de l’enfer qu’il avait fait vivre à ma mère. Et puis, à un moment, la thérapeute s’est énervée.

“D’accord, ton père t’a fait souffrir et personne ne nie ta douleur. Mais à dater d’aujourd’hui, de cette heure précise, tu vas devenir coresponsable de cette souffrance. Si tu continues à l’entretenir, c’est qu’elle te sert d’alibi pour ne pas prendre le risque de vivre. Et ça, ce n’est pas la faute de ton père, c’est de ta responsabilité.” Ce fut violent mais salutaire. J’ai compris que je me cachais derrière mon père pour masquer ma peur de l’autre. Ce coup de pied aux fesses a changé ma vie. »

Honore ton père et ta mère

Appliquer ce commandement implique d’abord de savoir qui l’on est, explique Jean-François Noël, prêtre et psychanalyste.

« Les croyants entendent souvent les phrases bibliques comme des impératifs. Or, elles sont pédagogiques : elles proposent un chemin. Quand, dans l’Evangile, le Christ dit : “N’ayez pas peur”, les croyants se disent : “Je ne dois pas avoir peur, donc je n’ai pas peur.” Mais, pour cesser de trembler, il faut d’abord avoir expérimenté la peur. Dans la même logique, lorsque Dieu nous demande d’honorer notre père et notre mère, c’est parce que chacun doit travailler sur un sentiment qui ne va pas de soi. Honorer ses parents, c’est leur “rendre honneur”. On ne peut pas séparer ce commandement de cette autre phrase biblique : “Tu quitteras ton père et ta mère.”

Car, après les avoir quittés, on doit retrouver une relation au sein de laquelle, même si l’on passe inévitablement par un temps de reproche, on peut être suffisamment soi-même. Honorer ses parents, c’est reconnaître la part d’humanité qu’ils nous ont confiée en nous donnant la vie et la faire fructifier. Cela n’exclut pas d’avoir des devoirs envers eux. Mais cela n’implique pas, pour autant, être obligé de les aimer. »

A lire

• Peut-on faire le bonheur de ses enfants ? de Pauline Bebe, Caroline Eliacheff et Pierre Lassus. 
Faire le bonheur de ses enfants, c’est quoi ? Des éclairages historiques, religieux et psychologiques clairs et passionnants (L’Atelier, 2003).

• Parents toxiques de Susan Forward. 
Parce que certains parents (démissionnaires, manipulateurs, dominateurs, méprisants, critiques, etc.) 
sont néfastes au développement de la personnalité de leur enfant, l’auteur propose des pistes pour sortir à l’âge adulte de leur emprise (Marabout, 2002).

• Le Lien parental de Marie-Laure Delfosse-Cicile. 
Une réflexion sur la mission parentale et les conséquences de la démission des parents (Panthéon-Assas, 2003).

 

 

Pourquoi la peur? (Saïda Mekrami)

Que cache l’effroi, la terreur et la panique ? 
Avons-nous la possibilité de contrôler notre peur ? 

Résultat de recherche d'images pour "image de la peur"Tremblements, gorge nouée, tachycardie ou encore sidération, pincements au cœur, insomnie… Souvent la peur se manifeste à nous par des phénomènes physiques qui engendrent un désordre et amoindrit nos défenses naturelles. Nous ressentons la peur comme un déséquilibre intérieur, une sorte de faiblesse physique. Les signes symptomatiques de la peur nous submergent et nous font perdre notre capacité à être. La peur monte en nous telle une fièvre pour laisser ensuite place à une frayeur sournoise, dégradant peu à peu notre santé mentale. Ainsi la crise nous installe dans une sorte de paralysie psychique nous ôtant tout jugement objectif et même toute capacité à réfléchir. 
La peur nous habitue peu à peu à déformer le réel et La situation de panique nous amène à intégrer des pensées erronées sur le monde qui nous entoure. Le stress nous isole et nous plonge dans une détresse accentuant ainsi la fatigue et favorisant l’apparition des maladies. Les conséquences physiologiques et psychologiques de cet état de mal-vivre nous révèlent la souffrance enfouie en nous et qu’on essaye par tous les moyens d’ignorer. Nos peurs ont des choses à nous dire sur nous-mêmes. La peur agit ici comme un catalyseur mettant alors en évidence tout ce qui sommeille dans notre inconscient. 
Certains s’accommodent de leur peur ou arrivent à la neutraliser en projetant sur l’autre ce qu’ils ne peuvent éprouver. D’autres se résignent à s’enfermer dans une sorte de camisole chimique pendant plusieurs mois voire des années, mais tous nous essayons de ne pas nous y confronter. 

La plupart de nos peurs ne sont pas innées mais apprises à la suite d’expériences traumatisantes. Ainsi, la peur apparaît très tôt chez le nourrisson et s’imprime de façon automatique par le corps. La peur, émotion fondamentale est dans ce cas une première tentative du processus d’élaboration de l’effroi « tel que Freud a pu le définir »(1). Si consciemment nous décidons d’ignorer nos sentiments, le corps par la maladie nous trahit et parle. Il y’a là quelque chose de notre histoire qui se met en place et s’imprime dans notre chair. Notre corps possède sa propre mémoire et, si nous nous oublions délibérément nos traumatismes, notre corps, lui, s’en souvient. Jung soutient que le corps représente « une réalité indépendante » à lui tout seul. Le corps se charge alors, indépendamment de La volonté, de montrer la vulnérabilité de notre intériorité. Par le biais de la somatisation nous exprimons ce qu’on ne peut ni nommer ni même penser. 

Mais que pouvons-nous faire pour lutter contre l’emprise de la peur? Et comment aller au-delà de cette peur et prendre conscience de ce qui nous terrorise ?

La peur qui envahit notre vie, nous ne pouvons nous y soustraire et encore moins la contrôler, mais nous avons la possibilité de la faire surgir à la conscience. Par le passé, suite à nos traumatismes, nous avons appris des réactions peur-défense qui sont en réalité des mécanismes comme par exemple le déni, le refoulement, la projection etc.…. Dés que la peur grandit et devient maladie, l’individu enfermé dans ce genre de conditionnement se trouve « interdit de vivre ». Ainsi la peur exerce sur lui et à chaque instant une emprise terrible, difficile à neutraliser. Ceci parce que, probablement, ces peurs reflètent ses propres résistances intérieures. Nous construisons une carapace qui se trouve justement liée à la nature de nos peurs. Cette carapace remplit en même temps la fonction de protection et d’anesthésie. En effet, le fait de résister à ressentir la peur à tout prix, nous engourdit envers les autres sentiments, quels qu’ils soient, négatifs ou positifs. 

Toute crise ou passage à vide est une opportunité pour nous de prendre conscience de ce qui s’exprime en nous. Et plus spécialement la peur qui offre une phase féconde pour tout processus thérapeutique. Par la confrontation à une partie de nos propres peurs, nous acquérons la force d’agir sur nous-même. Et progressivement, nous prenons conscience de ce qui agit en nous grâce à une véritable compréhension des mécanismes à la racine de nos traumatismes. L’objectif dans ce cas n’est pas de chercher à éliminer la peur à tout prix mais de se servir de ce symptôme pour aller débusquer les conséquences des traumatismes qu’on a vécu par le passé à cause de la peur. 
L’individu peut alors réaliser ce qu’on peut appeler « une reviviscence» permettant ainsi une intégration optimale des sentiments négatifs. Et ce n‘est que lorsqu’une partie de nos peurs se trouve affaiblie, qu’on peut alors accéder à une certaine conscience de soi, beaucoup plus large. Grâce à cette conscience élargie, on va pouvoir saisir de quoi parlent nos peurs et en trouver sens. Ces états que crée la peur doivent être acceptés puis intégrés par l’individu dans son histoire personnelle. Dans « l’ici et maintenant » la peur alliée de la sensation physique va nous permettre d’ouvrir « à l’instar d’une clé » la voie de notre intériorité. Et ce n’est qu’après cette acceptation qu’on arrive à canaliser la peur et appréhender la réalité de façon singulière et sereine. 

Note:

1-Freud « Inhibitions, Symptômes et Angoisses » 

Par Saïda Mekrami
Psychologue clinicienne, Psychothérapeute, Psychanalyste
Paris, France 

Les conséquences d'un manque de Communication!!! (Geneviève MARTIN BOISSY)

LES CONSÉQUENCES D'UN MANQUE DE COMMUNICATION!MONSIEUR ET MADAME PRÉSUME

Cette histoire qui suit évoque ce que le manque de communication peut engendrer comme conséquences.

Monsieur et madame Présume s’aimaient tendrement.
Un beau soir, monsieur Présume eut un violant mal de dos. Il présuma que cela allait guérir sans médicaments et il présuma que s’il le disait à madame Présume, elle s’inquiéterait, alors il ne le fit pas.

Madame Présume constata qu’il avait l’air distant. Elle présuma qu’il avait des soucis et qu’il ne voulait pas les partager avec elle. Elle présuma que si elle lui demandait ce qui n’allait pas, il ne le dirait pas, alors elle n’en fit rien.
Monsieur Présume présuma que madame Présume était trop centrée sur sa petite personne pour s’apercevoir qu’il ne se sentait pas du tout bien et il fut un peu vexé. Il dit " bonsoir " et monta se coucher, un peu fâché.

Madame Présume présuma qu’il était fatigué d’être en sa compagnie et elle présuma qu’il valait mieux le laisser seul avec ses pensées. Elle répondit " bonsoir. " Ils demeurèrent là, un peu fâchés, couchés dos à dos. Les deux ruminèrent leurs présomptions et s’endormirent très tard et très frustrés.
Le matin arriva rapidement et lorsque la sonnerie du réveil se fit entendre, monsieur Présume, qui manquait de sommeil, rageait. Il présuma que madame Présume, elle, avait bien dormi et présuma qu’elle ne voulait pas se lever pour déjeuner avec lui, parce qu’elle préférait se prélasser au lit.
Madame Présume sentant, par les mouvements brusques de monsieur Présume, qu’il était marabout, présuma qu’il aimait mieux ne pas avoir à parler à personne et elle fit semblant de dormir pour le laisser en paix.

Cet avant-midi là, il y eut trois appels téléphoniques chez les Présume et, chaque fois que madame Présume répondait " Allo ", la personne au bout du fil raccrochait. Madame Présume présuma que ce n’était pas à elle que cette personne voulait parler. Elle présuma donc que les appels étaient pour monsieur Présume et que si la personne ne le demandait pas comme il se doit, c’était parce qu’elle ne devait pas savoir de qui l’appel provenait. Elle pensa aux airs songeurs de monsieur Présume de la veille et elle présuma que cela pouvait avoir rapport avec ces appels. Peut-être avait-il une liaison amoureuse ? Et elle présuma qu’il ne voulait pas lui en parler mais que cela le rendait songeur.

Tout ce scénario lui trotta dans la tête toute la journée. Monsieur Présume devait rencontrer un gros client pour le souper, il téléphona à la maison pour avertir madame Présume. Elle répondit sèchement, parce qu’elle ne le croyait pas. Elle présuma qu’il allait rencontrer la nouvelle flamme qui lui téléphonait et qui raccrochait. Monsieur Présume, la ressentant de mauvais poil, présuma qu’elle vivait ses symptômes prémenstruels et raccrocha rapidement pour la laisser en paix.
Madame Présume, constatant qu’il semblait pressé de raccrocher, présuma qu’il avait hâte d’aller retrouver sa nouvelle flamme et là, la peine, la colère et l’agressivité s’emparèrent d’elle. Elle présuma qu’il allait rentrer tard. Elle n’en pouvait plus, elle se changea, s’habilla et elle écrivit une note sur la table qui disait : " À mon tour de m’amuser ", et elle prit la route pour décompresser un peu.

Monsieur Présume lui, coupa court à son souper d’affaires et revint aussitôt à la maison en présumant que madame Présume serait là et qu’il lui raconterait son mal de dos et sa fatigue. Lorsqu’il vit la note sur la table, il ne comprit pas vraiment ce que cela voulait dire, mais il présuma que madame Présume profitait du fait qu’il devait travailler tard pour aller faire la fête dans les bars de la ville. Il présuma qu’elle faisait ça chaque fois qu’il avait un souper d’affaires. Il était fou de rage.

J’ai entendu dire, qu’aujourd’hui, monsieur et madame Présume sont divorcés parce qu’ils ont trop présumé. Je présume qu’ils ont appris qu’au lieu de présumer, il était préférable de communiquer.
Auteur inconnu

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IL N’Y A PAS MIEUX QU’UNE BONNE COMMUNICATION POUR ÊTRE COMPRIS !

Cette histoire est le reflet de ce qui se passe dans bien des esprits et relations de couples à l’image de ce couple qui s’aime « tendrement ». Un non-dit qui part pourtant d’un bon sentiment. L’homme ne dit rien de son mal de dos, car il présume que cela pourrait inquiéter son épouse, mais les non-dits et interprétations s’enchaînent…. , jusqu’à la détérioration de leur relation.

Le meilleur moyen de se faire comprendre est le dialogue et non un monologue que l’on entretient avec soi-même en se focalisant sur des ressentis qui font le « jeu » de l’ego et qui deviennent insidieusement des « affirmations », en n’écoutant » que ce discours intérieur.

Combien sont ceux qui se font tout un scénario dans leur tête, en s’imaginant ce que l'autre pense ou fait, sans avoir exprimé le moindre mot. Il y a ceux qui doivent trouver les mots pour « le » dire, pas si facile à faire lorsque ces mots sont « retenus » par des blocages. Il y a ceux qui « parlent » à demi-mots et il faut deviner leurs pensées. Il y a ceux qui s’imaginent que l’autre doit absolument savoir ce qu’ils pensent, sans qu’ils aient besoin de dire le moindre mot….
Le manque de communication peut mener vers des situations qui pourtant ne sont pas celles souhaitées, alors qu’une bonne communication mène à la complicité.

La base d’une « bonne » relation quelle qu’elle soit, amicale, amoureuse, professionnelle, se fait sur une confiance réciproque et sur une communication « ouverte », dans le sens où ce qui est exprimé est accueilli.

Au-delà de ce qui se passe dans les relations de couple, chacun me semble t-il est concerné par cette manière de penser. Qui n’a jamais interprété une attitude en présumant ceci ou cela?
Il y en a même qui mettent fin à une relation à cause de l’interprétation qu’ils font d’une situation, sans avoir pris soin de vérifier ou de communiquer leurs ressentis auprès de la ou les personnes concernées. N’est-il pas mieux de s’expliquer pour comprendre?

COMMENT SABOTER LA COMMUNICATION de Y.A.Thalmann

1. Interrompez votre interlocuteur, coupez-lui la parole (de toute façon, vous savez déjà ce qu'il va dire).
2. Faites autre chose en même temps que vous l'écoutez, vous gagnerez ainsi du temps.
3. Repérez ses maladresses et faites-les lui savoir. Pourquoi continuer d'écouter quelqu'un qui peut se tromper ?
4. Cherchez le sens caché des messages de votre interlocuteur. Vous verrez, il essaie très souvent de vous dénigrer.
5. Si vous avez des doutes sur ses motivations, le mieux est de penser qu'il agit ainsi exprès pour vous embêter.
6. Soyez méfiants. On le sait, l'homme est un loup pour l'homme.
7. Accusez-le, c'est la meilleure chose à faire pour l'amener à changer.
8. Jugez-le. Après tout, vous avez plus de recul que lui pour voir clairement qui il est vraiment.
9. Plaignez-vous, afin qu'il se sente coupable et change par lui-même (vous avez fait suffisamment d'efforts, maintenant c'est à lui de changer).
10. Utilisez l'ironie. Si cela lui déplaît, vous pourrez toujours répliquer qu'il n'a pas le sens de l'humour.
11. Faites-lui comprendre vos intentions sans parler. Inutile de se fatiguer à faire des phrases qu'il risquerait de ne pas comprendre.
12. N'exprimez jamais vos sentiments. Seuls les faibles le font.

LORSQUE LES MOTS NE PEUVENT SORTIR !

C’est parfois tellement douloureux pour certaines personnes de se remémorer ce qui les a "blessés", qu’en parler est au-dessus de leur capacité du moment et ces mots/maux, restent alors contenus dans une souffrance indicible.
Il faut savoir accueillir cette communication interne non exprimée, car ce qui n'est pas dit ou à demi-mots, "transpire" à travers le corps. Le visage et surtout les yeux, en sont l'expression.

Celui ou celle qui est dans l' accueil de cette communication perçoit surtout avec son cœur ce qui essaie de se dire. Car durant ces instants de présence à l’écoute de l’autre, on en oublie le Soi !

Pour finir voici un texte que je trouve intéressant sur la difficulté à dire les mots.

J’AI MAL A MES MOTS

« J’ai trop souvent mal à mes mots, je ne m’entends pas bien avec eux, on dirait qu’ils sont contre moi… Quand je suis devant quelqu’un que je ne connais pas, mes mots se dérobent, foutent le camp, ne veulent jamais dire exactement ce que je pense ou ce que je sens. Quand ils veulent bien sortir, ils arrivent en pagaille, dans le désordre, comme s’ils prenaient plaisir à s’embrouiller, se mélanger, et me mettent mal à l’aise. Et je sens que chez l’autre ça ne passe pas, ce n’est pas bien reçu, ça cafouille aussi chez lui.
Parfois mes mots sortent de ma bouche avant que je le veuille, ou se cachent au fond de ma gorge, se crispent, se recroquevillent et refusent de sortir. J’ai en moi des mots morts de trouille qui n’osent pas se dire.

Le plus difficile, c’est de sentir que les mots que j’utilise, en classe, avec les copains, mes parents, ne sont pas les miens, que se sont des mots copiés, répétés bêtement, qui appartiennent à d’autres. J’ai emprunté comme ça plein d’expressions “en conserve”, des phrases toutes faites. Mais elles ne sont pas à moi, elles me servent à ne pas paraître trop con devant les copains. Elles me donnent un style, un genre. “Mauvais genre”, dit ma mère, mais elle ne comprend rien. Elle aussi se tait devant mon père. Lui n’a pas besoin de mots, il lui suffit de gueuler. Les mots, il ne connaît pas, il ne connaît que les coups.

Moi, je voudrais que les mots soient à mon service, qu’ils m’aident à dire tout ce qui est au fond de moi, et que l’autre, en face, arrête de faire comme s’il comprenait, et qu’il les entende vraiment et se laisse entraîner par eux.
Avec des mots à moi, j’aimerais dire ce qui va, ce qui ne va pas, ce que j’aimerais et surtout ce que je sens. C’est terrible d’être obligé de tout garder pour soi, tout ce qui tourne en rond dans ma tête, dans mon corps, tout ce que j’imagine, des tas d’images, des pensées malsaines, mais aussi des trucs bien, des bouffées de colère, d’amour. Enfin, tout ce qui circule, s’agite, se bouscule. La rumination, ce n’est pas bon ! Mon copain, celui qui a tué sa copine avant les vacances, les journaux ont dit que c’était parce qu’il avait trop regardé la vidéo de “Scream”. Ce n’est pas ça. Tous ceux de ma classe ont regardé “Scream” plusieurs fois ! On sait que c’est du cinéma, du ketchup, des effets spéciaux…

Le plus éprouvant, c’est qu’on ne peut pas, on ne sait pas parler de ce que l’on voit, qu’on n’arrive pas à partager nos sentiments, ce qu’on ressent, toute la merde qui s’agite en nous. Alors on garde tout et, un jour, ça explose ! C’est les mots non dits qui font le plus de dégâts. J’avais commencé un carnet, avec des mots qui me plaisaient, j’en avais plein, mais après il faut savoir les placer, les mettre au bon endroit. Et puis les copains, quand je tentais d’en sortir un ou deux, me regardaient d’un drôle d’air.
Un jour, ma mère a dit en pleurant : “Ce qui m’aura le plus manqué dans la vie, c’est d’avoir des mots à moi pour dire ce que j’aurais voulu montrer de moi sans en avoir honte…”
Alors, je ne sais plus, j’attends, j’aimerais pouvoir inventer des mots… »
Auteur inconnu

N’oublions pas que tout ce qui est présumé est imaginé et n’est pas vérité, cela demande donc à être vérifié! C’est un préjugé qui relève de la subjectivité animée par des émotions et ressentis, que l’on tient pour vérité. Cela peut être guidé par l’orgueil, la haine, l’amour, les habitudes, coutumes… Car on ne « voit » pas avec les yeux, mais à travers le prisme de nos émotions aidé par nos sens.
De même que ce qui est lu est interprété.