l arrive que notre mental, censure, refoule, nie, renie, refuse, désavoue ce qui est, en avons-nous toujours conscience au moment où cela se passe? Nous pouvons tout à fait être sincères à la surface et être dans le déni en profondeur, refusant de voir ce qui nous gêne, comme certaines vérités, certains amours, haines, désirs, peurs…
Chacun de nous se construit à travers un conditionnement et expériences qui nous impactent parfois émotionnellement. L’estime de soi peut alors être mise à mal par des attitudes, des remarques, reproches, mots blessants, dévalorisants, etc. Vexations, humiliations, dévalorisations, sont causes de colères rentrées qui peuvent à tout moment exploser sur autrui ou se retourner contre soi. Quoi qu’il en soit, ces attitudes marquent par leur emprunte «douloureuse», la personnalité de celles et ceux qui les subissent, engendrant pour chacun, des traits spécifiques de la personnalité.
C’est ainsi que les relations quelles qu'elles soient peuvent en pâtir, car nos interactions dans notre rapport aux autres, résultent de l’effet miroir qu’ils nous renvoient de nous-même. Tout un «jeu» de manifestations inconscientes s'exprime alors, en réponse à des besoins, peurs, angoisses, failles, faiblesses...
Par amour propre par exemple, des problèmes de communication et conflits relationnels peuvent persister durant toute une vie. Certaines personnes s’enferment même dans un rôle de victime faisant porter toute la responsabilité de leur mal-être, aux autres.
Cet extrait « Victime des autres, bourreau de soi-même » de Guy Corneau psychanalyste et écrivain, est assez éclairant sur la manière dont nous percevons les choses
Immanquablement, presque immanquablement, un moment dans la vie où ça ne va plus, mais alors plus du tout, nous sommes confrontés à une invincible défaite, à un sentiment d’échec que l’on ne peut plus vaincre en soi (…) Nous-nous croyons réellement victimes des autres, de nos parents, et de nos enfances, alors que nous sommes principalement les bourreaux inconscients de nous-mêmes. Nos besoins et nos peurs nous tyrannisent de l’intérieur plus adroitement que n’importe qui (…)
Notre personnalité est constituée d’un ensemble de programmations qui nous renferment en nous-mêmes, réduisent notre vitalité et sabotent nos possibilités réelles de développement.
Nous-nous lançons ensuite à la poursuite de compensations extérieures qui finissent par nous épuiser au lieu de nous satisfaire. »
Pour se développer dans les meilleures conditions, l'enfant a besoin de grandir en toute sécurité dans un environnement stable et qui lui est favorable.
Il n’a pas seulement des besoins primaires à satisfaire comme boire et manger, il a aussi et surtout besoin de se sentir aimé, reconnu, protégé, etc.. Le terme «se sentir» est important, car c'est ainsi que tout son être intègre qu'il est vraiment aimé et protégé. L’amour sans démonstration est une chose abstraite pour l'enfant, il doit se sentir aimé pour l’éprouver!
Ainsi, ses besoins affectifs comblés, il aura le sentiment d'exister, d’être reconnu, accepté, aimé et d’avoir la confiance de son entourage.
Selon la pyramide de Maslow, il y a cinq besoins importants à satisfaire, les besoins primaires physiologiques (manger, dormir,...), les besoins de sécurité (stabilité, protection, dépendance...), les besoins sociaux (appartenance, aide, affection...), les besoins d'estime (confiance en soi, indépendance, connaissances, prestige, …) et les besoins de s'accomplir (épanouissement, créativité...)
En somme, la satisfaction de tous ses besoins, contribue à son équilibre psychique. Tout ce qu’il reçoit enfant, influence son devenir, son monde affectif et relationnel.
Si les besoins primaires ou d’ordre relationnel et affectif ne sont pas satisfaits, des peurs peuvent s’installer durablement en lui, comme la peur de ne pas être aimé, d’être rejeté, d’être abandonné, séparé, etc., et ces peurs sont source d'anxiété et/ou d’angoisse.
Tous les manques sans exception et ressentis comme tels, qu'ils soient d’amour, de reconnaissance, de sécurité, d’autonomie, de repères, ont des conséquences. Un enfant blessé dans son intégrité psychique et morale aura des difficultés à s’aimer lui-même. D’autant plus s’il subit des violences psychiques quasi quotidiennement.
De plus, s’il a souffert de dévalorisation, cela peut engendrer chez lui un fort sentiment de honte, un manque de confiance et d’estime de soi. Conséquence de quoi, se sentant inférieurs, certains se dévalorisent eux-mêmes ou se nient, alors que d'autres vont compenser ou combler ce complexe d’infériorité par celui de supériorité, manifesté par une attitude condescendante. Ces personnes ont tendance à vouloir être admiré et à dominer.
Les mécanismes de défense, processus psychiques d'adaptation plus ou moins conscient.
Nous sommes le fruit de nos pensées et raisonnements, mais aussi de nos actions et de nos paroles, ceux-ci étant conditionnés par notre vécu à travers lequel, des mécanismes de défense sont à l’œuvre. Ce sont des « carapaces » qui nous protègent de situations que nous « dramatisons » la plupart du temps sans en avoir conscience, mais parfois c’est en toute conscience que nous les mettons en place.
Nous le voyons à travers les animaux qui, pour se prémunir d'une nature hostile, utilisent des moyens de défense qui diffèrent selon les espèces (crocs, griffes, dards, écailles, cornes, venin, carapaces... Comme eux, nous aussi avons besoin de protection pour ce que nous considérons comme nous étant problématique (danger, tensions, conflits, une réalité ou autrui), ou pour ce qui nous parait menaçants, stressants. C’est alors qu’un processus de défense s’active dans le but de créer « une barrière sécurisante », comme la résistance, le déni, l'évitement, la mise à distance, la projection, le jugement, le rejet, l’agression, etc.
Ces mécanismes de défense sont déclenchés de manière automatique pour éviter ces situations de stress susceptibles de mettre en danger l'intégrité morale de l'individu, face à ce qui est perçu comme étant des agressions venant de l'extérieur, ou pour faire face à des exigences sociales.
Ces processus mentaux sont de deux natures, automatiques, ceux qui s’activent en dehors de la volonté, ou bien volontaires, qui sont des stratégies d'adaptation en réponse à une problématique interne et/ou externe. C’est ce qui, selon l’histoire personnelle de chacun, « pousse » à être de nature désagréable, agressif, ou à afficher une certaine arrogance, à faire preuve de susceptibilité, d'irritabilité, à ne pas supporter d’être contrarié, à être colérique, à jouer les moralisateurs, à être « mendiant» de l'amour, etc. De même, certaines personnes sont peu enclines à la gentillesse, à la tolérance, à s’ouvrir aux autres, à se montrer aimantes, à s’entendre avec les autres, d’autres ont une difficulté à faire face à un conflit, à s’affirmer, etc.
S’ils sont censés nous protéger, les mécanismes de défense peuvent nous nuire.
Certes, ces stratagèmes de défense du moi protégent de pulsions et des affects liés à ces pulsions, mais s’ils semblent nous sécuriser, nous demeurons néanmoins sujets à des conflits internes et/ou externe, et donc aussi à la souffrance.
En effet, nos mécanismes de défense influencent notre communication, nos actions, renforcent nos peurs et nous privent de liberté d’être. De fait, par leur pouvoir manipulateur, ils ont une influence sur notre relation aux autres. Cela peut avoir pour conséquences, de nous isoler des autres, de « briser » des relations, d’être un obstacle à la démonstration d’amour, etc., et ce parfois toute une vie.
Par ailleurs, si, cette protection de l’estime de soi fragilisée met un voile sur les blessures narcissiques, elle empêche les prises de conscience qui ouvrent la voie de la guérison. Car si les mécanismes de défense jouent un rôle important dans la préservation du « Moi » contribuant à ce que nous gardions un certain « équilibre », néanmoins, ils ne favorisent pas un éveil sur soi et l’épanouissement personnel. Puisqu’ils ont pour effet de parasiter notre perception de la réalité de soi et des autres, ce qui ne facilite pas les remises en question qui peuvent permettre d’œuvrer pour le changement.
Il faut bien prendre conscience que si, dès la moindre situation « souffrante » nous nous laissons dominer par des émotions, la réalité passant par le filtre émotionnel, est « déformée. Il est alors difficile de s’abstraire du ressenti que les émotions engendrent, puisqu’il est notre vérité sur les faits. Par ailleurs, sous l’emprise émotionnelle, nous avons tendance à sur/réagir. Cette attitude de défense du « Moi » est préjudiciable, car elle peut nuire à toutes relations qu’elles soient affectives ou autres.
Christophe André écrit dans son livre « l’estime de soi » :
« C'est un troc inconscient au cours duquel les sujets sacrifient leur développement personnel contre un sentiment factice de sécurité. »
Le risque qu’engendre toute peur, reste bien présent dans la mémoire.
Derrière une peur, il y a un risque ! Dès lors que nous sommes sous l’emprise de nos peurs, par protection et ce de manière plus ou moins involontaire, des mécanismes de défense se mettent en place de manière défensive et c'est à travers notre monde émotionnel, prisme de nos émotions, que nous réagissons. Dans ces moments là, étant privé de tout discernement, aucune analyse objective de la situation n'est possible, tout est alors jugé et mal interprété.
De plus, il est extrêmement difficile d’oser s’affirmer et de l’assumer, car cette influence, « prive» de liberté d’être et d’agir. Par exemple, il peut y avoir une difficulté à s'engager durablement dans une relation et ce, contrairement à l’aspiration profonde de fonder une famille. C’est pourquoi, par peur d’être un jour abandonné, certaines personnes mettent un terme à toute relation. Le recours à ce mécanisme de défense est employé pour éviter d’être confronté à des situations d’abandon ou de séparation.
De même si la personne dont la crainte est d'être rejeté, se jugeant indigne d’être aimée et pour se prémunir contre toute déception, peut avoir recours au retrait, qui est une conduite d’éloignement. Mais elle peut aussi inconsciemment, agir à l'encontre de son désir d’être acceptée, en attirant à elle des situations de rejet.
Parmi les systèmes de défense, d’autres, vont vouloir se faire remarquer, être conforme à ce que l’on attend d’eux, satisfaire les demandes d’autrui au détriment de leurs propres désirs, avoir tendance à se replier sur eux-même, réagir de manière agressive, faire preuve de jalousie, se rendre dépendant de personnes et/ou de groupes, vouloir « briller» aux yeux des autres, être fusionnel, dépendant affectif, perdre tous ces moyens face à l’autorité, utiliser le masque de l’humour, …
Il y a grand de nombreux mécanismes de défense, en voici quelques exemples.
Le refoulement
C’est un mécanisme inconscient, par lequel, ce qui est refoulé, ne parvient pas à la conscience. Cette stratégie se met en place, quand des désirs et pulsions ne sont pas acceptés par la conscience (lorsqu’il y a conflit entre satisfaction et interdit), comme par exemple, une homosexualité non assumée.
Le déni de réalité
Nous pouvons être atteints de déni, si la réalité est susceptible de nous angoisser ou nous est intolérable. Ce refus mental s’exprime au travers de surdité ou aveuglement psychologique. C’est une invalidation inconsciente d’informations qui sont dérangeantes. Ce désir inconscient de ne pas savoir, permet de rendre une réalité acceptable sans risquer un effondrement des valeurs, familial ou personnel.
Mais, si dans un premier temps l’ignorance protège, ce qui est nié nous soumet. Puisque ce qui n’est pas compris et accepté aura tendance à se représenter.
« Ce que vous refusez vous soumet, ce que vous acceptez vous transforme. » - C.G.Jung -
La projection
Tout le monde est concerné par ce mécanisme, car plus ou moins inconsciemment, il peut nous arriver de projeter sur autrui nos propres désirs et sentiments. Nous pouvons en prendre conscience, à travers le miroir que l’autre nous renvoie de nous-même.
La compensation
Par ce processus, l’estime de soi est renforcée. Si par exemple on se sent inférieur dans un domaine particulier, pour palier à cette dévalorisation de soi, on peut avoir tendance à surinvestir un autre domaine. Cette valorisation vient en compensation au sentiment d’infériorité.
L’évitement
L’évitement est une stratégie mise en place afin d’éviter de se confronter à ce qui génère des anxiétés ou angoisses comme la phobie sociale, des transports, de l’ascenseur, … La vie est alors parfois organisée pour s’en protéger.
Le comportement d’évitement ne concerne pas seulement les phobies, elle concerne aussi ces peurs, comme d’appréhender, de téléphoner, d’être en retard à un rendez-vous, de prendre la parole…
Pour vivre heureux et en harmonie avec les autres, il faut savoir mettre son ego de côté.
Sans remise en question du système de penser/pensées, l’ego règne en maître. Et tant que nous ne prenons pas conscience de nos mécanismes de défense, nous sommes sous leur domination.
« Ce que vous refusez vous soumet, ce que vous acceptez vous transforme. » - C.G.Jung -
L’ego, est une entrave à la liberté d'être et à l'amour. A travers lui, nous agissons de manière plus ou moins égoïste sans se soucier des conséquences.
C’est pourquoi, sous la domination de leur ego, certaines personnes préfèrent se fâcher avec des proches ou mettre un terme à une relation, plutôt que de prendre leur part de responsabilité dans ce qui leurs arrivent et ce, quitte à en souffrir. Évidemment pour elles, se sentant victimes, il n’est pas question de se rabaisser. C’est l’autre qui a tort et elles, raison! Pour cacher une « vulnérabilité », le recours à la mauvaise foi est parfois de mise.
Avec un peu de volonté, il est possible de prendre du recul sur ce qui nous arrive de manière à nous dissocier d’émotions perturbatrices. Ce qui nous permet d'accepter notre part de responsabilité et de prendre conscience que l’autre est source de connaissance de soi grâce à ce qu’il nous renvoie de lui et de nous même. Cette prise de conscience nous aide aussi à lâcher-prise et à ne plus être affecté par le comportement des autres.
Pour finir, voici une réflexion de Yogi Bhajan: « Si vous avez la volonté de regarder le comportement des autres envers vous comme une réflexion de l’état de leur relation avec eux-mêmes plutôt que d’une déclaration sur votre valeur en tant que personne alors après une période de temps vous cesserez de réagir du tout.»