mepris

Le mepris ou la déshumanisation d'autrui

 

Mépriser c'est considérer que l'autre n'est rien, le déshumaniser. Discrimination extrème, le mépris est aussi négation du vivre-ensemble, et s'exclut par essence du champ de la non-violence.

 


Le mepris ou la déshumanisation d'autrui
 
 

Le mépris : nier l’humanité d’autrui

Le mépris est un sentiment. Celui qui méprise se sent supérieur, cherche à maintenir les autres dans un sentiment d’infériorité, instille la honte. Celui qui méprise porte un jugement négatif et hautain sur une personne qu’il humilie, rabaisse par des comportements, des actes, mais aussi des paroles ou des silences dévalorisants. 

Mépriser c’est « tenir pour rien » par conséquent celui qui méprise autrui lui refuse le droit d’ exister en tant qu’être humain, le discrimine d’office dans un déterminisme destructeur. Il réduit cette personne à n’être qu’un objet, qui n’a pas le droit d’exister par lui-même, mais seulement en fonction de la place ou du rôle qu’il lui attribue, tel un pion sur un échiquier avec tout ce que cela implique dans le champ du social de l’économique du politique et du culturel. Le mépris s'exclut par essence du champ de la non-violence
 

Trois types d'attitudes méprisantes

  • Celle qui consiste à toujours manifester son sentiment de supériorité

Prendre l’autre de haut, exprimer du dédain et parfois le fait sentir durement, par exemple au moyen de regards méchants, moqueurs de paroles blessantes, sarcastiques, en rabrouant autrui en public, en prononçant des jugements ou autrui est qualifié de manière péjorative, avec l’intention manifeste de le blesser, le vexer, voire pire en l’insultant pour l’offenser. Le fait de considérer et de dire que l’autre est définitivement incapable de faire ceci ou cela, étaler ses certitudes sclérosantes et paralysantes relève aussi d’une attitude méprisante. L’élitisme en est également une manifestation culturellement et cultuellement « sophistiquée». Enfin nier les besoins et aspirations les plus élémentaires de la personne fait également partie de la panoplie du mépriseur. 

  • L’attitude qui consiste à exprimer une pitié froide à l’égard d’autrui

Ceci pour se donner bonne conscience, et en prenant soin de le culpabiliser pour les souffrances, les difficultés qu’il peut rencontrer pour répondre aux nécessités du quotidien ( logement, travail, éducation, santé…) ou à ses aspirations spirituelles et ou immatérielles. L’esprit colonial * en est une manifestation typique ( entreprise de «civilisation» de l’autre perçu comme inférieur, un « sous homme ») avec les dommages difficilement réversibles que l’on connaît dans les relations entre les peuples et les individus. C’est demander à la personne victime du mépris qu’elle en endosse la responsabilité, c’est se disculper à bon compte d’une attitude outrageante, inexcusable. 

  • L’attitude qui consiste à se montrer complètement indifférent à autrui, à l’ignorer totalement.

Ne pas lui parler, ne pas lui répondre quand il adresse la parole, quand quelqu’un parle de lui changer le sujet de la conversation, l’éviter et montrer ouvertement qu’on l’évite, ne rien faire s’il est en situation de détresse, tout ceci relève d’une attitude des plus méprisantes à l’égard d’autrui et peut dans certains cas être juridiquement assimilable à une non assistance à personne en danger, ou dans le cas d’un groupe d’une ethnie, d’un peuple, être qualifié de complicité de génocide. 
 
 

Impact du mépris

  • Le mépris aveugle celui qui méprise autrui sur ce qu’il est réellement, ses limites liées à sa condition humaine, sur sa responsabilité vis-à-vis de l’autre, sur les conséquences de ses dires et de ses actes dans la construction du vivre-ensemble. C’est se jeter de la poudre aux yeux pour dissimuler des sentiments de haine de méchanceté à l’égard de l’autre, sentiments difficilement acceptables moralement. Le mépriseur se drappe dans son mépris, s’entoure d’un halo de supériorité, pour se dissimuler sa fragilité, son altérité. Confus, en désespérance de l’autre du vivre-ensemble solidaire, il théorise et terrorise.

  • Le mépris rend sourd à l’appel du destin qui est rencontres multiples, ouvertures sur des possibles, rassemblements des fragilités pour une cristallisation en forces vives, vivantes. Le mépris rend sourd à l’appel du vivant, il est souvent mépris de soi déguisé en mépris de l’autre, réduction de soi par réduction sauvage de l’autre.

  • Le mépris désensibilise en même temps qu’il déshumanise avec effet boomerang. La honte qu’il fait naître chez autrui renvoie au mépriseur une image obscéne de lui-même, qu’il n’a de cesse de chasser en ayant recours au stratagème de nouveaux abus, toujours plus d’abus. Il abuse d’autrui au point de se réduire à n’être que cela : ces abus.

Le mépris: une négation nihiliste du vivre-ensemble… Aucun mépris n’est convenable. 

La dictature du mépris est en pleine recrudescence aux quatre coins de la planète au quotidien. Elle transforme l’humain en objet, en marchandise, en chair à missiles et autres bombes désintégrantes. 

Violations des droits de l'homme