Critiquer : La réaction typique des envieux

Cancans, potins, ragots, critiques, dénigrements, médisance, calomnie, clabaudage, diffamation : même si l'Ancien Testament nous l'interdit ("Tu ne porteras pas de faux témoignages contre ton prochain" L'Exode, chap.20, v.16) l'arsenal pour dire du mal de son prochain est impressionnant...

 
"Si tous les hommes savaient ce qu'ils disent les uns des autres, il n'y aurait pas quatre amis dans le monde", disait le philosophe, Pascal, avec raison. Pourtant, la critique forge un individu et fait partie des règles du jeu social : "Dès que l'on sait parler, on commence à critiquer, confirme la psychanalyste Sylvie Angel. Même si sa critique est plus ou moins élaborée, une petite fille de 5 ans peut dire à sa mère qu'elle n'aime pas son rouge à lèvres". A cet âge, il s'agit peut-être d'une simple critique lancée en l'air ou, plus certainement, d'une opposition déguisée pour apprendre à s'identifier et se différencier. Rien de plus normal.

Rabaisser l'autre pour mieux le dépasser

Que dire alors des critiques morales, physiques, qu'on appelle "gratuites", qui ne veulent rien dire, mais qui peuvent énormément blesser ? Peut-on déblatérer en toute impunité ? Se laisser aller à la médisance et au dénigrement sans récupérer la monnaie de sa pièce ? Car critiquer l'autre, c'est avant tout le rabaisser pour mieux le dépasser. Spontanément, et persuadés qu'elles ne font qu'être honnêtes, certaines personnes sont capables de dire ses quatre vérités à quelqu'un d'une seule traite. Mal dans leur peau, elles camouflent ainsi une agressivité personnelle. "Par exemple, explique Sylvie Angel, une femme qui n'arrive pas à perdre 6 kg va dire à sa meilleure amie: " C'est incroyable, on croirait que t'as pris 10 kg cet été".

On voit très bien qu'elle essaye de se rassurer sur son propre compte en se disant: " Moi je ne contrôle pas mon poids, mais toi, encore moins
" ". Médire "gratuitement", une réaction typique des envieux ? "Nous voulons être meilleurs, supérieurs, plus appréciés, explique le psychosociologue Francesco Alberoni (1). Et ce désir de s'élever n'a aucune limite. Si nous n'y parvenons pas, nous nous sentons dépréciés, diminués, vides. Nous cherchons à protéger notre propre valeur, soit en renonçant à nos objectifs, soit en devenant indifférents, ou alors en nous efforçant de dévaloriser le modèle, de le rabaisser à notre niveau ". Et ce dénigrement n'est pas sans danger, car passer de l'envie à la critique, c'est révéler à demi-mots ses échecs, ses espoirs les plus secrets, ses rêves les plus intimes, ses incapacités, ses limites insurmontables. C'est surtout dévoiler une haine de soi, une forte agressivité personnelle. "Si ce comportement peut sembler méchant de l'extérieur, il faut se dire que cette personne vit une grande violence intérieure, confirme Sylvie Angel. Ces personnes n'ont jamais été épanouies et tentent à travers leurs critiques de se sécuriser un peu".

(1) Francesco Alberoni, Les envieux, Pocket, 1997
 

 

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